Lalettre tue, et l'esprit vivifie. de Proverbe français - Découvrez une collection des meilleures citations sur le thÚme
“La lettre tue et l’esprit vivifie” 17 avril 2018 J'ai une question Pasteur 1 Qu’est-ce que l’apĂŽtre Paul avait Ă  l’esprit lorsqu’il affirme en 2 Corinthiens 3 6 que “La lettre tue et l’esprit vivifie”? Voulait-il dire que la connaissance thĂ©ologique peut ĂȘtre un frein Ă  l’action puissante du Saint-Esprit dans la vie des chrĂ©tiens? la lettre tue et l'esprit vivifie Ce site utilise Akismet pour rĂ©duire les indĂ©sirables. En savoir plus sur comment les donnĂ©es de vos commentaires sont utilisĂ©es.
\n\n\nla lettre tue mais l esprit vivifie
GRANDPRIEURÉ INDÉPENDANT DE FRANCE LA LETTRE TUE, MAIS L’ESPRIT VIVIFIE 1 LA LETTRE TUE, MAIS L’ESPRIT VIVIFIE J’ai Ă©tĂ© initiĂ© Ă  Besançon un dimanche matin de 1959, dans une Ă©glise dĂ©saffectĂ©e du XVIIe siĂšcle, avant d’aller interprĂ©ter, quelques heures plus tard, Ă  soixante kilomĂštres de lĂ , le rĂŽle principal d’une piĂšce du poĂšte espagnol Federico Garcia Lorca. Comment, la foi en Christ, suscitĂ©e par l'Esprit, donne la vie Ă©ternelle, en accord avec la Lettre de la Loi. Cette prĂ©dication a Ă©tĂ© apportĂ©e par FrĂ©dĂ©ric Bican le dimanche 26 janvier 2020.

DESCRIPTION : Il existe plusieurs versets de la Bible qui sont souvent pris hors contexte, 2 Corinthiens 3.6 en est un. Nous y lisons l’expression suivant

{"product_id""la-clef-des-ecritures","title""La clef des Ă©critures","description""\u003cp style=\"font-weight 400;\" data-mce-fragment=\"1\" data-mce-style=\"font-weight 400;\"\u003e\u003cspan\u003eTraitĂ© contre les juifs et les gentils qui rejettent, pour des motifs opposĂ©s mais en raison d’une mĂȘme lecture charnelle, l’admirable harmonie de l’Ancien et du Nouveau Testament, de la lettre et de l’esprit, l’Ancien Ă©tant la prophĂ©tie du Nouveau et le Nouveau la rĂ©alisation de l’Ancien, et ce par une mĂ©connaissance du Christ, l’unique clef des Saintes Écritures, qui seul donne la parfaite intelligence de l’histoire du salut de l’humanitĂ©.\u003c\/span\u003e\u003c\/p\u003e\n\u003cp style=\"font-weight 400;\" data-mce-fragment=\"1\" data-mce-style=\"font-weight 400;\"\u003e \u003c\/p\u003e\n\u003cp style=\"font-weight 400;\" data-mce-fragment=\"1\" data-mce-style=\"font-weight 400;\"\u003eDans l’antiquitĂ©, ils s’appelaient Marcion, Celse, ManĂšs, Fauste
 De nos jours, ils se nomment Soral, Timmerman, GuyĂ©not,\u003cspan data-mce-fragment=\"1\"\u003e \u003c\/span\u003eHindi, Soler, Römer, Finkelstein
 Tous, pour diverses raisons, sont des dĂ©tracteurs de l’Ancien Testament et rejettent son origine divine. La lecture partiale, grossiĂšre et charnelle qu’ils en font, mĂȘme quand c’est pour la condamner, correspond en fait Ă  la lecture pharisaĂŻque codifiĂ©e par les talmudistes et assumĂ©e de maniĂšre mythique par les sionistes. \u003c\/p\u003e\n\u003cp style=\"font-weight 400;\" data-mce-fragment=\"1\" data-mce-style=\"font-weight 400;\"\u003eMalgrĂ© la diffĂ©rence de leurs principes,\u003cem data-mce-fragment=\"1\"\u003e\u003cspan data-mce-fragment=\"1\"\u003e \u003c\/span\u003e\u003c\/em\u003ele sophisme philosophique et la superstition juive aboutissent aux mĂȘmes consĂ©quences la nĂ©gation de l’unitĂ© du plan divin. Les juifs soutiennent que le Christ n’a pas pu ĂȘtre annoncĂ© par les prophĂštes de l’Ancienne Alliance au prĂ©texte que l’Évangile qu’il a prĂȘchĂ© contredisait leur Loi qui les obligeait de se sĂ©parer des non juifs. Et les hĂ©rĂ©tiques, eux, soutiennent que l’Évangile, la Bonne Nouvelle du salut pour tous les peuples sans distinction, ne peut avoir aucun rapport avec l’Ancienne Alliance puisqu’il a justement aboli le mur de sĂ©paration qu’était la loi juive.\u003c\/p\u003e\n\u003cp style=\"font-weight 400;\" data-mce-fragment=\"1\" data-mce-style=\"font-weight 400;\"\u003eL’Église catholique rĂ©cuse ces interprĂ©tations erronĂ©es, qu’elles soient judaĂŻques ou hĂ©rĂ©tiques. Pour les PĂšres, ces \u003cem data-mce-fragment=\"1\"\u003eennemis des saintes Lettres montrent une Ă©gale ignorance de l’un et de l’autre Testament\u003c\/em\u003e. » Car le mosaĂŻsme bien compris, mais non sa trahison talmudique, n’a Ă©tĂ© que la prĂ©paration du christianisme. Tertullien, OrigĂšne, saint IrĂ©nĂ©e, saint Hilaire, saint Augustin et bien d’autres ont\u003cspan data-mce-fragment=\"1\"\u003e \u003c\/span\u003edĂ©montrĂ© contre les hĂ©rĂ©tiques la divinitĂ© de la loi mosaĂŻque, et contre les juifs son abrogation ou son accomplissement.\u003cspan data-mce-fragment=\"1\"\u003e \u003c\/span\u003eLĂ  oĂč les hĂ©rĂ©tiques imaginent une antithĂšse, il y a harmonie parfaite ; et lĂ  oĂč les juifs rĂȘvent d’un Messie Ă  venir, ou plutĂŽt de sa caricature tribale, il y a l’Ɠuvre universelle et spirituelle du Christ, dĂ©jĂ  rĂ©alisĂ©e comme annoncĂ©e par les prophĂ©ties.\u003c\/p\u003e\n\u003cp style=\"font-weight 400;\" data-mce-fragment=\"1\" data-mce-style=\"font-weight 400;\"\u003ePour comprendre les Saintes Écritures, il faut donc dĂ©passer l’intelligence de la lettre et en saisir l’esprit. \u003cem data-mce-fragment=\"1\"\u003eL’Écriture sainte,\u003cspan data-mce-fragment=\"1\"\u003e \u003c\/span\u003e\u003c\/em\u003edit saint GrĂ©goire le Grand\u003cem data-mce-fragment=\"1\"\u003e, par la maniĂšre mĂȘme dont elle s’exprime, dĂ©passe toutes les sciences ; car, dans un seul et mĂȘme discours, tout en racontant un fait, elle livre un mystĂšre.\u003c\/em\u003e » Adam, Abel, NoĂ©, Abraham, Isaac, Jacob, Juda, Joseph, MoĂŻse, la sortie d’Égypte, l’Alliance du SinaĂŻ avec ses sacrifices et ses fĂȘtes, JosuĂ©, David, Salomon, avec le temple et son grand prĂȘtre, l’endurcissement mĂȘme de Juda et la ruine de la nation-religion israĂ©lite, tout cela forme un seul et mĂȘme grand mystĂšre que ce TraitĂ© va dĂ©voiler, pour la confusion des uns et l’instruction des autres. Les paroles de Dieu sont en effet\u003cspan data-mce-fragment=\"1\"\u003e \u003c\/span\u003e\u003cem data-mce-fragment=\"1\"\u003e“ esprit et vie\u003c\/em\u003e” Jn 6, 53. Or, “\u003cem data-mce-fragment=\"1\"\u003ela lettre tue mais l’esprit vivifie\u003c\/em\u003e” II Cor 3, 6.\u003c\/p\u003e","brand""Saint Agobard","offers"[{"title""Default Title","offer_id"42509884653822,"sku""","price" CULTURE ET PATRIMOINE","version""

Cest la révélation de la Parole qui nous éclaire. Se limiter uniquement à la lettre (Bible) nous emmÚne dans la confusion. C'est l'Esprit de Dieu qui
16 fĂ©vrier 2019 Je soutiens le Journal ChrĂ©tien Dieu a rendu les disciples de JĂ©sus capables d’ĂȘtre ministres d’une nouvelle alliance. De la mĂȘme maniĂšre que MoĂŻse a Ă©tĂ© le serviteur de l’ancienne alliance, les chrĂ©tiens sont les serviteurs spĂ©ciaux de la nouvelle alliance chargĂ©s de prĂȘcher la Bonne Nouvelle au monde. Leur rĂŽle est celui d’ambassadeurs plĂ©nipotentiaires de Dieu 2 Corinthiens 5 20-21. Il nous a aussi rendus capables d’ĂȘtre ministres d’une nouvelle alliance, non de la lettre, mais de l’esprit ; car la lettre tue, mais l’esprit vivifie. Or, si le ministĂšre de la mort, gravĂ© avec des lettres sur des pierres, a Ă©tĂ© glorieux, au point que les fils d’IsraĂ«l ne pouvaient fixer les regards sur le visage de MoĂŻse, Ă  cause de la gloire de son visage, bien que cette gloire fĂ»t passagĂšre, combien le ministĂšre de l’esprit ne sera-t-il pas plus glorieux ! » 2 Corinthiens 3 6-7 Paul Ă©tablit un parallĂšle entre le service chrĂ©tien et celui de MoĂŻse verset 7 car, par leur ministĂšre respectif une alliance a Ă©tĂ© Ă©tablie celle de la Loi, qui inflige la mort, par MoĂŻse ; celle de l’Esprit, qui communique la vie, par les ministres de la Nouvelle Alliance grĂące Ă  l’Ɠuvre du Christ Exodes 2 14. Le Nouveau Testament, l’alliance de Christ, celle qui est mise ici en contraste avec l’Ancienne Alliance. L’une est la Loi, l’autre est l’Évangile comparer HĂ©breux 8 7-13. La premiĂšre, la loi, Ă©tait Ă©crite par des lettres gravĂ©es dans la pierre ; l’autre Ă©tait gravĂ©e dans les cƓurs et les esprits. La lettre tue, mais l’esprit vivifie La Loi est un code externe devant lequel tous les hommes sont trouvĂ©s coupables, donc condamnĂ©s, alors que l’Esprit en nous nous rend capables d’accomplir ce que la Loi commandait. La loi condamne tous ceux qui n’obĂ©issent pas Ă  ses commandements, mais elle ne peut rendre l’homme parfait. Elle fait mourir parce qu’elle exige de l’homme ce qu’il est incapable de tenir voir Romains 75. Elle place tous les humains sous la sentence de mort. Comment la Loi tue-t-elle ? Paul ne dit pas que c’est la Loi qui donne la mort. Pour lui, la Loi est sainte, et le commandement est saint, juste et bon » Romains 7 12. Mais sous l’ancienne alliance, les gens n’avaient pas les forces nĂ©cessaires pour obĂ©ir Ă  la Loi. La nouvelle alliance n’abolit pas la Loi mais, comme JĂ©rĂ©mie l’a prophĂ©tisĂ©, par l’Esprit, la Loi est maintenant gravĂ©e dans nos cƓurs. Il est dit que celui qui accomplirait fidĂšlement la Loi trouverait le chemin de la vie LĂ©vitique 18 5. Mais ce contenu saint et spirituel est enfermĂ© dans une lettre incapable de vivifier, et ses exigences viennent se heurter au cƓur naturel de l’homme qui est charnel et dont elle surexcite les convoitises par la dĂ©fense. Elle porte le pĂ©chĂ© ainsi Ă  son maximum de puissance, et quand il est consommĂ©, elle condamne, maudit elle tue donc Romains 7 11 en faisant abonder le pĂ©chĂ© et en plaçant l’homme sous la colĂšre de Dieu Romains 4 15. La Loi place rĂ©ellement l’homme sous une puissance de mort, car elle menace de mort ses violateurs, et la mort est la consĂ©quence inĂ©vitable de la dĂ©sobĂ©issance et de la sĂ©paration d’avec Dieu. Le mot de mort a ici son sens le plus large privation de la vraie vie, de la vie venant de Dieu, de la communion avec Dieu, aboutissant Ă  la mort spirituelle. L’homme tuĂ© moralement aboutirait sur cette voie Ă  la mort Ă©ternelle si une autre puissance n’intervenait pour le dĂ©livrer de cet agent de pĂ©chĂ© et de mort qui s’est emparĂ© de lui et auquel le rive la Loi. Cette puissance, c’est l’Esprit, le contraire de la Loi. Le Saint Esprit possĂšde la capacitĂ© que n’a pas la Loi, de dominer la chair, d’accomplir en l’homme la volontĂ© divine, les exigences de la Loi Romains 8 4. L’Esprit est une loi intĂ©rieure, c’est la saintetĂ© se prĂ©sentant Ă  l’homme non plus comme norme extĂ©rieure qui repousse, irrite, condamne, tue, mais comme grĂące, force intĂ©rieure qui transforme, ranime, vivifie. L’Esprit rĂ©tablit l’homme dans la communion avec Dieu et dans la vie. Le Journal ChrĂ©tien est un mĂ©dia d’espĂ©rance qui passe l’information au tamis de l’Évangile. Il parle des joies et des espoirs ainsi que des tristesses et des angoisses des femmes et des hommes de notre temps. Il appartient au portail web Ă©vangĂ©lique qui regroupe la plateforme de ressources bibliques Bible audio, le rĂ©seau social chrĂ©tien la chaĂźne de tĂ©lĂ©vision chrĂ©tienne Ă©vangĂ©lique ses applications chrĂ©tiennes gratuites et la lettre de nouvelles "Un message biblique par jour". Je fais un donVotre don est dĂ©ductible d’impĂŽt Ă  hauteur de 66 %, dans la limite de 20 % du revenu imposable. Dans un paysage mĂ©diatique marquĂ© par le mensonge et les fake news infox, fausses nouvelles, fausses informations, informations fallacieuses, le Journal ChrĂ©tien se positionne comme le mĂ©dia de la vĂ©ritĂ©. Nos journalistes et correspondants essaient de s’approcher de la vĂ©ritĂ© des faits avec beaucoup d’humilitĂ©. 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36K views, 74 likes, 52 loves, 1.9K comments, 58 shares, Facebook Watch Videos from Harvest TV: Le Saint Esprit- la lettre tue, mais L’Esprit Vivifie ..2 Corinthians 3 v 6 Abstract As the anonymous author of “The Hard Church Novel” underlined in his article, “Theology and Literature – the study of God and the study of Man – need to go hand in hand, and are only just beginning to know it”. The links between literature and religion are in fact much older than we might imagine when reading this statement; however, it is a fact that the Victorian period was a time when many authors tried to reconcile secular writing and the Scriptures, to the extent that a new literary genre, the religious novel, was born. Although Elizabeth Gaskell’s works do not belong to this category, she set her heart on reconciling her vocation as a novelist with her beliefs as a Christian. Unlike her husband, she was not a Minister and therefore her own way of preaching the Word of God was to write fiction. She was convinced that the Pharisees had not disappeared with the Advent of Christ and, in her novels, she used her own, sometimes unorthodox, interpretation and rewriting of the Gospels to convert the Pharisees of her own time to the true essence of Christianity. Indeed, her Unitarian education granted her a greater freedom than most of her contemporaries in terms of biblical exegesis, as we can see in many of her works, but most particularly in Ruth, in which the eponymous heroine, a fallen woman, is not only described as a Magdalen but soon turns into a Madonna and then a Christ-like of page Full text 1 “[
] old and dear companions—brethren indeed of one blood; not always agreeing, to be sure; squabbl ... 1Les liens entre littĂ©rature et religion sont trĂšs anciens et pourtant, lorsque le genre romanesque s’est dĂ©veloppĂ© au XVIIIe siĂšcle, ces frĂšres de sang – pour reprendre la mĂ©taphore d’Edward Mortimer Chapman1 - paraissaient condamnĂ©s Ă  s’éloigner l’un de l’autre tant la littĂ©rature semblait prĂȘte Ă  s’affranchir de l’influence religieuse. Les auteurs de fiction dĂ©laissaient dĂ©sormais les hagiographies, quĂȘtes mystiques et autres rĂ©cits miraculeux au profit d’une description plus prosaĂŻque de la vie quotidienne d’ĂȘtres ordinaires. Puritains et Ă©vangĂ©liques se mĂ©fiaient d’ailleurs de la fiction au point que l’Evangelical Magazine considĂ©rait, au dĂ©but des annĂ©es 1790, que la lecture de roman Ă©tait un pĂ©chĂ© plus grave encore que l’adultĂšre. Mais les victoriens devaient ĂȘtre les architectes d’une rĂ©conciliation entre ces deux frĂšres devenus ennemis non contents de couvrir le paysage urbain d’églises anglicanes et de chapelles non-conformistes ou bien encore d’envoyer des missionnaires convertir les infidĂšles – Ă  l’étranger ou sur leurs propres terres – il leur fallait encore conquĂ©rir ce domaine littĂ©raire qui semblait sur le point d’échapper Ă  l’influence chrĂ©tienne. 2 Voir “The Hard Church Novel”, The National Review, vol. III, July and October 1856, 131. 3 Voir par exemple, Coelebs in Search of a Wife 1808 de Hannah More ou The Velvet Cushion 1814 d ... 2Les annĂ©es 1840 devaient se rĂ©vĂ©ler une pĂ©riode particuliĂšrement prolifique pour ce nouveau genre littĂ©raire qu’était le roman religieux et l’auteur anonyme de The Hard Church Novel » se fĂ©licitait, en 1856, que la thĂ©ologie et la littĂ©rature aient enfin appris Ă  faire bon mĂ©nage “Theology and Literature–the study of God and the study of Man–need to go hand in hand, and are only just beginning to know it ”2. Les premiers rĂ©cits Ă©vangĂ©liques3 ont Ă©tĂ© publiĂ©s au dĂ©but du XIXe siĂšcle mais c’est surtout avec la deuxiĂšme gĂ©nĂ©ration de romanciers Ă©vangĂ©liques, stimulĂ©s par leur rivalitĂ© avec les tractariens, que le roman religieux connaĂźt un vĂ©ritable essor. Les statistiques citĂ©es dans The Business of Belief The Emergence of Religious Publishing » rĂ©vĂšlent en effet que 33,5% des livres publiĂ©s entre 1836 et 1863 Ă©taient des Ɠuvres Ă  caractĂšre religieux. Si la majoritĂ© de ces textes Ă©taient dus Ă  la plume d’auteurs Ă©vangĂ©liques ou tractariens, d’autres courants religieux – non-conformistes ou catholiques – ont adoptĂ© cette nouvelle forme de prosĂ©lytisme et, par la suite, mĂȘme les agnostiques ont pris exemple sur ce modĂšle littĂ©raire pour prĂŽner les vertus de l’apostasie. 4 Aussi, l’auteur de “Religious Stories” souligne-t-il le rĂŽle prĂ©pondĂ©rant jouĂ© par les femmes dans ... 5 On leur reprochait souvent de ne pas ĂȘtre de vĂ©ritables chrĂ©tiens, comme le souligne William Gaske ... 6 Voir, par exemple, l’article “Low-Church Novels and Tendencies”, dont l’auteur constate la mĂ©diocr ... 3Fille et Ă©pouse de pasteur unitarien, Elizabeth Gaskell pouvait sembler prĂ©disposĂ©e Ă  devenir un auteur de roman religieux. En effet, les femmes manifestaient une prĂ©dilection toute particuliĂšre pour ce genre littĂ©raire qui leur permettait enfin de prendre part aux dĂ©bats thĂ©ologiques de leur Ă©poque4. Par ailleurs, comme le souligne Valentine Cunningham, l’intĂ©rĂȘt que leurs membres portent Ă  la littĂ©rature est rĂ©vĂ©lateur du milieu social dominant et de l’évolution culturelle des sectes non-conformistes ; or, les unitariens appartenaient souvent Ă  un milieu aisĂ© et cultivĂ©. Cette secte tolĂ©rait parfaitement la lecture d’Ɠuvres de fiction et, en accord avec la parabole des talents, encourageait vivement ses membres Ă  cultiver les dons que Dieu leur avait accordĂ©s, notamment en se consacrant Ă  une Ă©ventuelle carriĂšre artistique et intellectuelle. En outre, l’intolĂ©rance dont les unitariens Ă©taient victimes – aussi bien de la part des anglicans que de celle des autres sectes non-conformistes5 – aurait pu justifier un recours au roman religieux afin de dĂ©noncer ces prĂ©jugĂ©s. NĂ©anmoins, le fait est que les unitariens ne se sont guĂšre intĂ©ressĂ©s Ă  cet outil de propagande littĂ©raire, sans doute parce qu’ils n’avaient guĂšre la fibre prosĂ©lyte. En ce qui concerne Elizabeth Gaskell, il existe une autre raison, plus importante encore, qui explique ce choix elle possĂ©dait un vĂ©ritable sens artistique et, si ses rĂ©cits visaient Ă  dĂ©velopper le sens moral de ses lecteurs, elle n’était pas prĂȘte, pour autant, Ă  sacrifier la dimension esthĂ©tique de son Ɠuvre Ă  sa fonction didactique, comme les auteurs de romans religieux n’avaient que trop souvent tendance Ă  le faire. La plupart des textes classĂ©s sous l’appellation de romans religieux mĂ©ritent, en effet, Ă  peine d’ĂȘtre considĂ©rĂ©s comme des romans Ă  part entiĂšre6 et ils ont sombrĂ© dans l’oubli dĂšs lors que la controverse religieuse autour de laquelle ils s’articulaient n’était plus d’actualitĂ©. 7 On trouve deux rĂ©fĂ©rences Ă  ce texte, publiĂ© dans le Sunday Penny School Magazine en 1852, dans la ... 4La correspondance de Gaskell – du moins les lettres qui n’ont pas Ă©tĂ© dĂ©truites – ne contient que trĂšs peu de remarques sur son Ɠuvre ou sur sa conception thĂ©orique de la littĂ©rature, mais la lettre qu’elle avait envoyĂ©e Ă  Herbert Grey rĂ©vĂšle l’importance qu’elle accordait Ă  l’intrigue et Ă  son dĂ©veloppement ; elle reproche en effet Ă  l’auteur d’avoir sacrifiĂ© l’action de son rĂ©cit Ă  de longs exposĂ©s thĂ©oriques et en conclut qu’il eĂ»t sans doute mieux valu exprimer ces idĂ©es dans un essai plutĂŽt que d’adapter la forme romanesque sans prĂȘter la moindre attention aux critĂšres propres Ă  ce genre et au respect desquels une Ɠuvre doit – ou non – sa valeur artistique. Gaskell a, elle-mĂȘme, Ă©crit une nouvelle qu’on pourrait qualifier de sermon dĂ©guisĂ© en fiction – ou de “sugar-coated tract” pour reprendre l’image utilisĂ©e par Robert Lee Wolff – mais il s’agissait lĂ  d’un contexte particulier puisque ce texte Ă©tait destinĂ© au Sunday Penny School Magazine et la romanciĂšre se montre d’ailleurs trĂšs critique Ă  l’égard de ce rĂ©cit lorsqu’elle y fait rĂ©fĂ©rence dans sa correspondance7. Ce texte fait donc figure d’exception dans son Ɠuvre et on peut rappeler que George Eliot la cite parmi les romanciĂšres de talent dont elle oppose l’Ɠuvre aux “silly novels by lady novelists”. 8 Voir par exemple sa confĂ©rence sur le hĂ©ros en tant qu’homme de lettre “the Hero as Man of Lette ... 9 Voir son autobiographie “The writer of stories must please or he will be nothing. And he must te ... 10 Elizabeth Gaskell ne fait que peu de rĂ©fĂ©rences Ă  son propre travail de romanciĂšre dans sa corresp ... 5Refuser Ă  Gaskell l’étiquette d’auteur de roman religieux – qui n’est que trop souvent synonyme de mĂ©diocritĂ© littĂ©raire – ne revient cependant pas Ă  nier l’importance de la religion dans son Ɠuvre. Si des auteurs comme Thomas Carlyle8 ou Anthony Trollope9 – dont l’Ɠuvre est pourtant considĂ©rĂ©e comme purement profane – n’ont pas hĂ©sitĂ© Ă  comparer la mission de l’écrivain Ă  celle d’un prophĂšte ou d’un prĂ©dicateur, on ne peut guĂšre s’étonner que la religion ait eu une influence considĂ©rable sur l’Ɠuvre d’une romanciĂšre aux yeux de qui le talent littĂ©raire Ă©tait un don divin qui devait ĂȘtre mis au service d’autrui10. 11 Voir, par exemple, le passage qui concerne la mort des parents de Ruth “God in His mercy knew th ... 6Contrairement aux catholiques, les protestants ne peuvent compter sur l’intercession d’un mĂ©diateur clĂ©rical entre Dieu et eux. Comme l’indique le choix symbolique de ce terme, le pasteur veille sur ses fidĂšles mais, s’il peut leur venir en aide et les rĂ©conforter, ceux-ci ne doivent finalement s’en remettre qu’à la seule autoritĂ© divine et, pour ce faire, il est indispensable qu’ils se rĂ©fĂšrent aux textes bibliques. Outre les rĂ©fĂ©rences explicites ou implicites Ă  la Bible qui abondent dans l’Ɠuvre de Gaskell, les critiques ont souvent notĂ© l’influence des Écritures sur le style de la romanciĂšre11 mais il ne s’agit pas pour elle de citer la Bible en privilĂ©giant la lettre plutĂŽt que l’esprit et si elle fait elle-mĂȘme souvent rĂ©fĂ©rence aux textes sacrĂ©s, elle est consciente de l’usage abusif qui pouvait en ĂȘtre fait et met en garde ses lecteurs. 12 John Bunyan, The Pilgrim’s Progress, Oxford The World’s Classics OUP, 1998, 134. 7“By misinterpreting evil issues”12 13 “The poor old labourer prayed long and earnestly that night for Ruth. He called it wrestling for ... 8L’exĂ©gĂšse biblique est un art pĂ©rilleux et peut se rĂ©vĂ©ler source de malentendus si on ne possĂšde pas les clefs de lectures adaptĂ©es. Ainsi, dans Ruth, l’hĂ©roĂŻne Ă©ponyme ne comprend pas que Thomas essaie de la mettre en garde contre son soupirant. La pensĂ©e du vieil homme est tellement façonnĂ©e par ses lectures des Saintes Écritures qu’il est incapable d’exprimer ses Ă©motions sans recourir aux mĂ©taphores bibliques ; or, comme le souligne le narrateur, il Ă©tait peu probable qu’une jeune fille innocente de seize ans Ă©tablisse un lien entre le beau jeune homme qui la courtise et la figure du diable sous les traits d’un lion rugissant. Si cet Ă©pisode met en Ă©vidence le fait que les textes religieux ne s’avĂšrent pas toujours ĂȘtre le moyen de communication le plus appropriĂ© entre les hommes, les intentions du vieil homme sont pures et l’inefficacitĂ© de son discours sera compensĂ©e par la sincĂ©ritĂ© de ses priĂšres13. 9 Gaskell se montre en revanche beaucoup plus critique envers les personnages qui se permettent de citer la Bible sans ĂȘtre animĂ©s par un vĂ©ritable esprit de charitĂ© chrĂ©tienne. Il existe diffĂ©rents degrĂ©s de gravitĂ© dans ce sacrilĂšge Ă  l’encontre des Écritures. La forme la plus vĂ©nielle consiste Ă  recourir Ă  ces textes lorsqu’on est incapable d’exprimer une Ă©motion sincĂšre, ce qui revient Ă  les transformer en simples coquilles vides de sens comme le fait Dixon dans Libbie Marsh’s Three Eras » lorsque Libbie lui annonce la mort d’un jeune garçon auquel elle Ă©tait trĂšs attachĂ©e 14 Elizabeth Gaskell, ADark Night’s Work and Other Stories, Oxford The World’s Classics OUP, 1992, 1 ... “Well! flesh is grass,’ Bible says,” and having fulfilled the etiquette of quoting a text if possible, if not of making a moral observation on the fleeting nature of earthly things, she thought she was at liberty to pass on to her real errand14. 10Dans North and South, au contraire, la compassion que Margaret Ă©prouve pour Higgins la pousse Ă  convaincre son pĂšre – un ancien pasteur anglican – de ne pas lui lire un passage des Saintes Écritures 15 Elizabeth Gaskell, North and South, Harmondsworth Penguin Classics, 1986, 291. “I’ve a good mind to read him the fourteenth chapter of Job.”“Not yet, papa, I think. Perhaps not at all. Let us ask him about the strike, and give him all the sympathy he needs15”. 11En condamnant l’attitude de ses personnages qui citent la Bible sans Ă©prouver de charitĂ© chrĂ©tienne et en approuvant celle des personnages qui, malgrĂ© leur profonde piĂ©tĂ©, savent que les Écritures ne sont pas une sorte de panacĂ©e universelle qu’on pourrait utiliser sans faire preuve du moindre discernement, Gaskell semble partager la vision de saint Paul qui, dans la premiĂšre Ă©pĂźtre aux Corinthiens, place la charitĂ© chrĂ©tienne au-dessus de la foi et de l’espĂ©rance. 16 Voir Michael Wheeler, “Elizabeth Gaskell and Unitarianism”, Durham University Journal 68, 37, ... 17 Elizabeth Gaskell, North and South, op. cit., 202. 12Il existe une forme plus grave encore de sacrilĂšge envers les Écritures, lorsque les personnages qui y ont recours ne sont pas animĂ©s par l’indiffĂ©rence mais par la haine, pervertissant ainsi l’essence mĂȘme du message christique qui n’est, aux yeux de Gaskell, qu’amour et pardon. En outre, elle n’hĂ©site pas Ă  rejeter implicitement la validitĂ© de certains textes bibliques lorsque ceux-ci ne lui semblent pas en accord avec l’esprit du Nouveau Testament. Ainsi, dans ses deux romans sociaux, elle condamne les rĂ©fĂ©rences que font ses personnages Ă  la parabole du riche et de Lazare. Theophilus Lindsey – qui Ă©tait un des fondateurs de la pensĂ©e unitarienne et dont les sermons se trouvaient dans la bibliothĂšque des Gaskell – estimait que ce texte appartenait en rĂ©alitĂ© Ă  la tradition hĂ©braĂŻque et n’aurait pas dĂ» figurer dans le Nouveau Testament16 et Elizabeth Gaskell semble partager ce point de vue. Dans North and South, l’hĂ©roĂŻne critique l’attitude de Bessy Higgins lorsque cette derniĂšre fait preuve de discrimination sociale en s’appuyant sur ce texte “It won’t be division enough, in that awful day, that some of us have been beggars here, and some of us have been rich,—we shall not be judged by that poor accident, but by our faithful following of Christ”17. Dans Mary Barton, cette parabole est condamnĂ©e plus clairement encore car John Barton y fait sans cesse rĂ©fĂ©rence, alimentant ainsi sa haine envers les riches, une haine qui le poussera finalement Ă  commettre un meurtre. Elizabeth Gaskell n’hĂ©site pas Ă  contredire dans son roman le message de cette parabole puisque la rĂ©conciliation de John Barton et de Mr. Carson – le pĂšre de sa victime – est le moyen pour elle de combler ce gouffre qui, dans la Bible, sĂ©pare Dive et Lazare Ă  tout jamais. C’est ainsi que, au nom de l’esprit, Gaskell n’hĂ©site pas Ă  condamner la lettre de certains textes bibliques. 18 Elizabeth Gaskell, My Lady Ludlow and Other Stories, Oxford The World’s Classics, 1989, 30. 13“We, who make the laws ... may break the mere form of them”18 19 Ainsi, elle ne rejette pas seulement la parabole du riche et de Lazare mais Ă©galement les passages ... 14La foi des unitariens n’a guĂšre Ă©tĂ© Ă©branlĂ©e par la critique biblique parce qu’ils ne croyaient pas en la valeur littĂ©rale des Écritures, ce qui leur permettait d’adopter une certaine distance critique vis-Ă -vis des textes bibliques et de l’interprĂ©tation qu’il convenait d’en faire. Dans My Lady Ludlow, l’hĂ©roĂŻne Ă©ponyme s’accorde le droit de ne pas respecter les lois lorsqu’elles sont injustes et, dans une certaine mesure, l’attitude d’Elizabeth Gaskell Ă  l’égard des textes bibliques ressemble Ă  celle de son hĂ©roĂŻne Ă  l’égard du systĂšme lĂ©gislatif. Ainsi, malgrĂ© son respect pour les Écritures, elle n’hĂ©site pas Ă  indiquer, explicitement ou implicitement, sa prĂ©fĂ©rence pour les textes du Nouveau Testament plutĂŽt que de l’Ancien et Ă  rejeter les textes qui ne lui semblent pas conformes Ă  l’esprit du Nouveau Testament19. Elle peut parfois traiter cette opposition entre les deux Testaments sur le registre comique comme lorsque Sally refuse de laisser Mr. Benson punir Leonard pour avoir dit des mensonges 20 Elizabeth Gaskell, Ruth, op. cit., 169. “Sally ! remember where it is said, He that spareth the rod, spoileth the child,’” said Mr. Benson, austerely.“Ay, I remember; and I remember a bit more than you want me to remember, I reckon. It were King Salomon as spoke them words, and it were King Solomon’s son that were King Rehoboam, and no great shakes either. I can remember what is said on him, II Chronicles, xii. Chapter, 14th v. And he,’ that’s King Rehoboam, the lad that tasted the rod, did evil, because he prepared not his heart to seek the Lord.’ I’ve not been reading my chapters every night for fifty years to be caught napping by a Dissenter neither! ” said she triumphantly20. 15L’irrĂ©vĂ©rence dont Sally fait preuve envers son employeur et le registre quelque peu incongru qu’elle utilise pour faire rĂ©fĂ©rence aux personnages bibliques ont un effet comique, de mĂȘme que sa jubilation Ă  l’idĂ©e d’avoir prouvĂ© la supĂ©rioritĂ© de l’anglicanisme en remportant cette joute verbale contre un pasteur non-conformiste – Gaskell s’amuse d’ailleurs sans doute beaucoup de laisser ainsi le camp adverse remporter cette victoire contre un pasteur en qui beaucoup de critiques littĂ©raires ont voulu voir un pasteur unitarien. NĂ©anmoins, l’humour de ce passage ne doit pas nous empĂȘcher de noter que le caractĂšre inflexible des textes de l’Ancien Testament y est vivement critiquĂ© et le sera en rĂ©alitĂ© Ă  travers tout le roman. 21 Michael Wheeler, “Elizabeth Gaskell and Unitarianism”, op. cit., 157. 16Ce chapitre illustre l’efficacitĂ© de l’esprit de pardon du Nouveau Testament puisque Leonard sera touchĂ© par cet Ă©change et par les larmes de sa mĂšre et se repentira. Mais en rĂ©alitĂ©, c’est toute la structure de ce roman qui s’articule autour de cette opposition entre deux systĂšmes de valeur diffĂ©rents, l’un fondĂ© sur l’Ancien Testament et l’autre sur le Nouveau Testament en la recueillant malgrĂ© sa Chute, les Benson guideront Ruth sur le chemin de la RĂ©demption tandis que Mr. Bradshaw – qui incarne toute la sĂ©vĂ©ritĂ© de l’Ancien Testament – encouragera involontairement son fils Ă  devenir un hypocrite puis un escroc. À travers les intrigues, principale et secondaire, et Ă  travers ce dialogue entre Sally et Mr. Benson, c’est donc une leçon de lecture critique des Écritures que nous offre Gaskell. Dans The Sinner as Heroine A Study of Mrs Gaskell’s Ruth and the Bible », Michael Wheeler compare les techniques utilisĂ©es par la romanciĂšre aux paraboles bibliques “Mrs Gaskell’s use of the Abermouth landscape is reminiscent of Christ’s method of preaching in parables”21. De la mĂȘme façon, on peut considĂ©rer l’opposition entre le destin de Ruth, sauvĂ©e par l’esprit de charitĂ© chrĂ©tienne du RĂ©vĂ©rend Benson, et celui de Richard Bradshaw, que la sĂ©vĂ©ritĂ© paternelle n’aura pas prĂ©servĂ© du vice, comme une illustration de la supĂ©rioritĂ© de l’esprit du Nouveau Testament sur l’Ancien. 17Lorsque le Christ a commencĂ© Ă  prĂȘcher, il s’est heurtĂ© Ă  la rĂ©sistance des Pharisiens qui refusaient de renoncer Ă  leur vision du monde et de la religion, basĂ©e sur les textes de l’Ancien Testament et, dans une certaine mesure, Elizabeth Gaskell doit, elle aussi, s’efforcer de mettre fin au rĂšgne des Pharisiens de sa propre Ă©poque, mais cette fois c’est la Bible toute entiĂšre – et non les seuls textes de l’Ancien Testament – qui a Ă©tĂ© pĂ©trifiĂ©e par l’influence mortifĂšre de ceux qui n’en respectent que la lettre et non l’esprit. Comme dans la deuxiĂšme ÉpĂźtre aux Corinthiens, elle veut inscrire le christianisme non sur des tables de pierre, mais sur des tables de chair, sur les cƓurs » 2 Co. le cƓur de ses contemporains. Pour ce faire, elle peut, comme nous venons de le voir, illustrer par l’exemple les effets pervers de certains prĂ©ceptes de l’Ancien Testament ou bien encore obliger ses lecteurs Ă  Ă©tablir de nouveaux liens entre les Écritures et leur sociĂ©tĂ©. Ainsi, elle ne compare pas la prostituĂ©e Lizzie Leigh Ă  Marie-Madeleine mais au fils prodigue, ce qui remet indirectement en cause le double standard des victoriens. Elle se sert donc de l’autoritĂ© que les textes bibliques reprĂ©sentaient aux yeux de ses contemporains pour les obliger Ă  modifier leur perception du monde et Ă  reconnaĂźtre les injustices qui peuvent rĂ©gner dans leur sociĂ©tĂ©. 22 “Ruth’s heart was smitten, and she sank down, and down, till she was kneeling on the floor of the ... 23 “I have been thinking of evry holy word, every promise to the penitent – of the tenderness which l ... 24 “The errors of my youth may be washed away by my tears–it was once so when the gentle, blessed Chr ... 18 Le roman dans lequel elle se montre la plus rĂ©volutionnaire dans le choix de ses images et rĂ©fĂ©rences bibliques est probablement Ruth. Comme dans Lizzie Leigh », elle compare son hĂ©roĂŻne dĂ©chue au fils prodigue22 mais cette fois, elle ne renonce pas Ă  faire rĂ©fĂ©rence Ă  la figure de Marie-Madeleine. Le parallĂšle entre l’hĂ©roĂŻne Ă©ponyme et Marie-Madeleine apparaĂźt dĂšs l’ouverture du roman avec la citation en exergue du poĂšme de Phineas Fletcher, puis la figure de la pĂ©cheresse est Ă©voquĂ©e par Benson Ă  deux reprises23 ainsi que par l’hĂ©roĂŻne elle-mĂȘme24. Marie-Madeleine ne symbolise pas seulement les femmes dĂ©chues mais, de façon plus gĂ©nĂ©rale, les pĂ©cheurs repentis – et ce, quel que soit leur sexe – et Ruth semble si peu responsable de sa chute qu’on serait tentĂ© de l’associer plutĂŽt Ă  cette derniĂšre symbolique. Par ailleurs, il ne faut pas oublier que Marie-Madeleine Ă©tait Ă©galement surnommĂ©e la bien-aimĂ©e du Seigneur et l’hommage que tous les paroissiens d’Eccleston rendent Ă  Ruth Ă  sa mort renforce l’idĂ©e d’une association avec une vision positive de Marie-Madeleine plutĂŽt qu’avec la figure de pĂ©cheresse. Cette vision reflĂšte d’ailleurs une Ă©volution gĂ©nĂ©rale dans la littĂ©rature de l’époque puisque, dans Madonnas and Magdalens, Eric Trudgill souligne que 1853 – l’annĂ©e oĂč Ruth a Ă©tĂ© publiĂ© – est un tournant dĂ©cisif dans la reprĂ©sentation de cette figure biblique 25 Eric Trudgill, Madonnas and Magdalens. The Origins and Development of Victorian Sexual Attitudes, ... By 1853 she was establishing herself as a feminine archetype almost equal to the Madonna, almost equally motherly, pure and inspirational. From representing the antithesis of the Victorians’ purity ideal the magdalen was fast becoming an essential constituant of it after the years as taboo she was quickly becoming totem25. 26 Voir Anna Jameson, Legends of the Madonna, London Longman, Green, 1867, xlviii. 27 Elizabeth Gaskell, Ruth, op. cit., 110. 28 Ibidem, 134. 29 Ibid., 137. 19Le personnage de Ruth est un parfait exemple de cette idĂ©alisation puisqu’elle incarne en rĂ©alitĂ© un syncrĂ©tisme des deux Marie, Marie-Madeleine et la Vierge Marie. Cette derniĂšre n’est jamais mentionnĂ©e explicitement dans le roman, mais il y est plusieurs fois fait rĂ©fĂ©rence de façon implicite. Le prĂ©nom de l’hĂ©roĂŻne renvoie Ă  un des personnages bibliques de l’Ancien Testament qui, selon Anna Jameson26, Ă©tait considĂ©rĂ©, dans la typologie victorienne, comme un des types de la Vierge parce qu’elle avait donnĂ© naissance Ă  Obed, le grand-pĂšre de David. Par ailleurs, le RĂ©vĂ©rend Benson utilise le terme d’avent27 pour dĂ©signer la future naissance de Leonard et, par la suite, le narrateur cite le vers 39 de On the Morning of Christ’s Nativity » lorsqu’il dĂ©crit cette naissance28 ; enfin, Leonard est dĂ©crit comme “her mysterious holy child”29. Le fait de comparer ainsi Leonard au Christ suggĂšre nĂ©cessairement une comparaison implicite entre Ruth et la Vierge. 30 Ce chiffre symbolique apparaĂźt plusieurs fois dans le rĂ©cit Benson – qui, au dĂ©but du rĂ©cit, est ... 31 Elizabeth Gaskell, Ruth, op. cit., 233. 20Gaskell ne se contente pas de faire de son hĂ©roĂŻne pĂ©cheresse une figure mariale purifiĂ©e par la naissance de son enfant, Ruth ne cesse de progresser sur la voie de la RĂ©demption jusqu’à devenir non plus une simple pĂ©cheresse repentie mais une figure christique. Pure et naĂŻve au dĂ©but du roman, il lui fallait faire l’expĂ©rience du pĂ©chĂ© afin d’accĂ©der Ă  une forme d’innocence supĂ©rieure Ă  cette innocence prĂ©lapsarienne. C’est Ă  ce moment du rĂ©cit qu’il lui faut de nouveau affronter la tentation en retrouvant son sĂ©ducteur. Les moments et les lieux oĂč se dĂ©roulent ces retrouvailles sont trĂšs symboliques. Lorsqu’elle retourne Ă  l’église pour la premiĂšre fois aprĂšs l’avoir revu, c’est un 25 septembre, date Ă  laquelle on lit, pour la troisiĂšme fois de l’annĂ©e30, le vingt-sixiĂšme chapitre de l’Évangile selon saint Matthieu. AprĂšs avoir endurĂ© une souffrance insoutenable, Ruth trouve finalement la paix en voyant une gargouille dont les traits expriment Ă  la fois une souffrance infinie et une foi absolue “And when they prayed again, Ruth’s tongue was unloosened, and she could also pray, in His name who underwent the agony in the garden”31. 32 Ibidem, 243. 21Les chapitres 23 et 24 sont structurĂ©s autour de la parabole des deux maisons, construites sur le sable et le roc. Dans le premier de ces chapitres, lorsque Ruth revoit Bellingham pour la premiĂšre fois, le sable semble se dĂ©rober sous ses pieds ; le soir venu, lorsqu’elle prie Dieu de la dĂ©livrer de la tentation, elle cite le passage des Psaumes qui compare Dieu Ă  un roc Ps et, dans le chapitre suivant, lorsqu’elle retrouve Bellingham, la rencontre a lieu sur le sable, Ă  quelque distance des rochers. La parabole des deux maisons se trouve Ă  la fois dans l’Évangile selon saint Matthieu Mt et dans l’Évangile selon saint Luc Lc Dans l’Évangile selon saint Matthieu, la maison bĂątie sur le sable est dĂ©truite par un orage, or, un violent orage a lieu lors de la nuit qui suit les premiĂšres retrouvailles de Ruth et Bellingham, mais la maison de Ruth est bĂątie sur le roc et non sur le sable et cet orage ne l’anĂ©antira donc pas. Forte de sa foi en un Dieu qu’elle perçoit comme son roc et sa forteresse, Ruth choisira d’affronter son sĂ©ducteur sur la plage oĂč elle l’a revu pour la premiĂšre fois. Cette fois, le sable est dur32 et ne se dĂ©robe plus sous ses pieds et elle parviendra Ă  trouver refuge auprĂšs des rochers qui ne lui semblent, dĂ©sormais, plus hors d’atteinte. 33 Des quatre Évangiles, c’est celui auquel Elizabeth Gaskell fait le plus souvent rĂ©fĂ©rence dans Rut ... 22Dans l’Évangile selon saint Luc33, ce n’est pas un orage mais un torrent en crue qui dĂ©truit la maison bĂątie sur le sable. Cette image peut sembler moins appropriĂ©e dans le passage qui nous intĂ©resse, nĂ©anmoins l’image du torrent est bien prĂ©sente dans le roman ; en effet, dans le chapitre 8, lorsqu’elle comprend que Bellingham l’a abandonnĂ©e, Ruth envisage de se jeter dans un torrent. Elle y puisera finalement de l’eau pour apaiser les souffrances de Benson, tombĂ© alors qu’il tentait de la suivre pour la rĂ©conforter, mais le fait qu’elle ait songĂ© Ă  se noyer montre que les fondations sur lesquelles repose sa foi ne sont pas encore assez solides pour qu’elle puisse, seule, prĂ©server sa vie et son Ăąme. Benson, qui l’a auparavant aidĂ©e Ă  rejoindre la rive quand elle semblait prisonniĂšre des eaux, sera le guide spirituel qui l’aidera Ă  affermir sa foi et bĂątir sa nouvelle maison sur le roc et non plus le sable. 23L’utilisation de la parabole des deux maisons n’a en soi rien de dĂ©stabilisant ou provocateur mais Gaskell souligne ainsi implicitement la supĂ©rioritĂ© de la foi sur les conventions sociales puisque Ruth trouve refuge auprĂšs des rochers aprĂšs avoir refusĂ© d’épouser son sĂ©ducteur. Bellingham dĂ©crit ce mariage comme un moyen lĂ©gitime et sacrĂ© d’obtenir de grands avantages pour son fils et pour elle-mĂȘme mais son discours ne fait que rĂ©vĂ©ler l’usage pervers qui peut ĂȘtre fait du terme sacrĂ© et l’hypocrisie d’une sociĂ©tĂ© qui serait sans doute prĂȘte Ă  accepter Ruth en son sein si elle Ă©pousait son riche et puissant sĂ©ducteur sans tenir compte de ses valeurs morales, alors qu’elle sera rejetĂ©e quelque temps aprĂšs, une fois sa faute dĂ©couverte. Il ne fait aucun doute que Gaskell approuve le choix de son hĂ©roĂŻne et c’est aprĂšs avoir ainsi prouvĂ© que sa maison Ă©tait bĂątie sur le roc que Ruth accĂšdera au statut de figure christique dans le roman. 24 AprĂšs avoir connu, comme le Christ, l’agonie de la tentation, Ruth commencera son chemin de croix, victime des persĂ©cutions des Pharisiens d’Eccleston, et en particulier de Bradshaw qui incarne l’inflexibilitĂ© de la loi mosaĂŻque. Certains critiques littĂ©raires ont reprochĂ© Ă  Gaskell de faire mourir son hĂ©roĂŻne Ă  la fin du roman et de lui infliger ainsi le chĂątiment habituel des pĂ©cheresses repenties dans les romans victoriens, dont le destin se rĂ©sume le plus souvent Ă  un exil ou une mort pieuse et pathĂ©tique. Cependant, la romanciĂšre ne semble pas envisager la mort de Ruth comme une punition pour son pĂ©chĂ© de jeunesse mais plutĂŽt comme un aboutissement. Lorsqu’elle veille sur les victimes de l’épidĂ©mie Ă  laquelle elle finira elle-mĂȘme par succomber, elle ne se contente pas d’apaiser leurs souffrances physiques mais semble Ă©galement avoir le pouvoir de guĂ©rir leur Ăąme 34 Ibid., 321. She did not talk much about religion; but those who noticed her knew that it was the unseen banner which she was following. The low-breathed sentences which she spoke into the ear of the sufferer and the dying carried them upwards to God34. 25En outre, la romanciĂšre prend explicitement la dĂ©fense de son hĂ©roĂŻne par l’intermĂ©diaire d’un de ses personnages 35 Ibid., 351. “Such a one as her has never been a great sinner; nor does she do her work as a penance, but for the love of God, and of the blessed Jesus. She will be in the light of God’s countenance when you and I will be standing afar off. I tell you, man, when my poor wench died, as no one would come near, her head lay at that hour on this woman’s sweet breast. I could fell you [
] for calling that woman a great sinner. The blessing of them who were ready to perish is upon her”35. 26Dans Victorian Types, Victorian Shadows, George P. Landow cite un passage des sermons de Henry Melville qui compare le rocher frappĂ© par MoĂŻse au Christ, qui ne pouvait devenir le Sauveur des hommes qu’aprĂšs avoir Ă©tĂ© frappĂ© par la Loi et cette interprĂ©tation typologique nous permet d’envisager les souffrances de Ruth et sa mort comme un sacrifice christique et non comme un chĂątiment. En effet, c’est aprĂšs avoir subi le courroux de Mr. Bradshaw – incarnation de la Loi – que Ruth commence Ă  Ă©tendre son influence bĂ©nĂ©fique Ă  l’ensemble de la communautĂ© et non plus seulement au cercle restreint qu’elle frĂ©quentait auparavant. Lors de son enterrement, le RĂ©vĂ©rend Benson lit un passage de l’Apocalypse qui reprend cette image de la fontaine d’eau, ainsi que celle des larmes versĂ©es par les pĂ©cheurs “For the Lamb which is in the midst of the throne shall feed them, and shall lead them unto living fountains of waters, and God shall wipe away all tears from their eyes.”Et lorsque Mr. Bradshaw rencontre Leonard sur la tombe de Ruth, il ne peut retenir ses propres larmes ; le Pharisien devient alors pĂ©cheur repenti et se rend chez les Benson avec qui il s’était brouillĂ© lorsqu’il avait appris que Ruth n’était pas une veuve respectable mais une femme dĂ©chue. Le poĂšme en exergue annonçait les larmes de Ruth et le roman se conclut sur les larmes de Bradshaw, converti par la mort de la jeune femme Ă  la CharitĂ© chrĂ©tienne. Nous assistons donc ainsi Ă  un parfait retournement de situation au cours du roman, Ruth, qui est souvent associĂ©e au monde pastoral – et donc, dans une certaine mesure, au Paradis terrestre – a, comme Ève, connu la Chute, devenant ainsi Marie-Madeleine avant de se transformer en Marie, la nouvelle Ève et, finalement en Christ, le RĂ©dempteur qui a sacrifiĂ© sa vie pour sauver les hommes du pĂ©chĂ© originel, tandis que Bradshaw, qui se croyait le gardien des valeurs chrĂ©tiennes et voulait chasser la pĂ©cheresse de la communautĂ© des Élus, sera, par ses larmes associĂ© Ă  la figure de Marie-Madeleine, symbole des pĂ©cheurs repentis. 36 Voir Ruth Watt, Gender, Power and the Unitarians in England, 1760-1860, London and New York Longm ... 27FascinĂ©s par la typologie biblique, les Victoriens ne se contentaient pas d’accepter le principe de réécriture des textes sacrĂ©s au sein de la Bible elle-mĂȘme, ils appliquaient sans hĂ©siter les symboles typologiques Ă  la littĂ©rature profane ; on pourrait ainsi dire que l’Ɠuvre d’auteurs comme Elizabeth Gaskell visait Ă  concilier Ă©criture et Écritures puisque celles-ci sont trĂšs prĂ©sentes dans son Ɠuvre, que ce soit sous la forme de citations, d’allusions implicites, d’influence stylistique ou de réécriture. L’utilisation que fait la romanciĂšre des textes bibliques pouvait ne pas toujours sembler trĂšs orthodoxe Ă  ses contemporains mais cela s’explique sans doute par son Ă©ducation unitarienne. En effet, ces derniers ne croyaient pas Ă  la valeur littĂ©rale des textes bibliques et on peut imaginer que le fait de s’intĂ©resser essentiellement Ă  la valeur symbolique de ces textes permettait Ă  Gaskell de se sentir plus libre dans la façon dont elle choisissait d’utiliser ces symboles pour transmettre sa vision du christianisme Ă  ses lecteurs. En outre, comme leur nom l’indique, les unitariens ne croyaient pas en la TrinitĂ© ; pour eux, le Christ Ă©tait un homme, de sorte qu’il leur Ă©tait plus facile d’envisager que des ĂȘtres humains – ou des personnages de fiction – puissent s’efforcer d’imiter la perfection christique et, comme ils ne croyaient pas davantage au pĂ©chĂ© originel36, ils ne considĂ©raient pas les femmes comme plus coupables ou plus faibles que les hommes, ce qui explique sans doute que Gaskell n’ait pas hĂ©sitĂ© Ă  faire de plusieurs de ses personnages fĂ©minins des figures christiques. Top of page Bibliography ANONYME, “The Hard Church Novel” The National Review, vol. III, July and October 1856, 127-46. ANONYME, “Religious Stories”, Frazer’s Magazine vol. XXXIII, August 1846, 150-66. ANONYME, “Low Church Novels and Tendencies”, The Christian Remembrancer, vol. VI, July-December 1843, 518-38. BUNYAN John, The Pilgrim’s Progress, Oxford The World’s Classics OUP, 1998. 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] old and dear companions—brethren indeed of one blood; not always agreeing, to be sure; squabbling rather in true brotherly fashion, now and then; occasionally falling out very seriously and bitterly; but still interdependent and necessary to each other” Edward Mortimer Chapman, English Literature and Religion, 1800-1900, London Constable, 1910, 1. 2 Voir “The Hard Church Novel”, The National Review, vol. III, July and October 1856, 131. 3 Voir par exemple, Coelebs in Search of a Wife 1808 de Hannah More ou The Velvet Cushion 1814 du RĂ©vĂ©rend J. W. Cunningham. 4 Aussi, l’auteur de “Religious Stories” souligne-t-il le rĂŽle prĂ©pondĂ©rant jouĂ© par les femmes dans le dĂ©veloppement de ce nouveau genre littĂ©raire, ce dont il semble d’ailleurs se fĂ©liciter “For ladies who are disposed to mingle in religious controversy the story-book seems a very appropriate medium; and of the literature which we are now surveying, a large portion–we may add, the best portion–has been contributed by female writers” “Religious Stories”, Frazer’s Magazine vol. XXXIII, August 1846, 151. Dans son article intitulĂ© “Silly Novels by Lady Novelists”, George Eliot note Ă©galement l’abondance de fiction religieuse due Ă  une plume feminine, mais elle n’est, en revanche, guĂšre convaincue du talent de ces prĂ©dicateurs en jupons “The most pitiable of all silly novels by lady novelists are what we may call the oracular species–novels intended to expound the writer’s religious, philosophical, or moral theories. . . . as a general rule, the ability of a lady novelist to describe actual life and her fellow-men is in inverse proportion to her confident eloquence about God and the other world, and that means by which she chooses to conduct you to true ideas of the invisible is a totally false picture of the visible”, George Eliot, “Silly Novels by Lady Novelists”, inSelected Essays, Poems and Other Writings, Harmondsworth Penguin Classics, 1990, 148-149. 5 On leur reprochait souvent de ne pas ĂȘtre de vĂ©ritables chrĂ©tiens, comme le souligne William Gaskell dans “Strong Points of Unitarian Christianity”, “in one respect at least we resemble the first disciples–weare a sect everywhere spoken against’.” Il reprend ici les propos de Joseph Priestley qui faisait allusion Ă  l’intolĂ©rance dont Ă©taient victimes les premiers chrĂ©tiens Actes 6 Voir, par exemple, l’article “Low-Church Novels and Tendencies”, dont l’auteur constate la mĂ©diocritĂ© de la plupart des romans religieux Ă©vangĂ©liques et tractariens “Its faults of structure, the one-sidedness of the arguments, and their very unreal character, as details of what never was, or could be conceivably, said in the defence or attack of certain theological views–the undramatic and slender texture of the plot, are venial faults, in which perhpas it is hardly worse than many similar fictions on the other side of the dispute” “Low Church Novels and Tendencies”, The Christian Remembrancer, vol. VI, July-December 1843, 521-522. Non content de considĂ©rer ces imperfections littĂ©raires comme de simples peccadilles, il va mĂȘme jusqu’à voir en elles un gage de la valeur spirituelle de ces Ɠuvres car, Ă  ses yeux, leur influence morale est inversement proportionnelle Ă  l’intĂ©rĂȘt que les personnages et l’intrigue peuvent susciter chez leurs lecteurs. Si on pouvait ĂȘtre tentĂ© d’attribuer la sĂ©vĂ©ritĂ© du jugement que George Eliot porte sur ces romans Ă  son apostasie, l’attitude de l’auteur de “Low-Church Novels and Tendencies” – dont les convictions religieuses ne font aucun doute – confirme donc le bien-fondĂ© des critiques de la romanciĂšre. 7 On trouve deux rĂ©fĂ©rences Ă  ce texte, publiĂ© dans le Sunday Penny School Magazine en 1852, dans la correspondance de Gaskell “Bessy’s troubles’ rather good for nothing”,Elizabeth Gaskell, The Letters of Mrs Gaskell, Manchester Mandolin, 1997, 365. “The children who like Bessy’s Troubles are great geese, & no judges at all, which children generally are, for it is complete rubbish I am sorry to say”, ibidem, 854. 8 Voir par exemple sa confĂ©rence sur le hĂ©ros en tant qu’homme de lettre “the Hero as Man of Letters will be found discharging a function for us which is ever honourable, ever the highest . . . Intrinsically it is the same function which the old generations named a man Prophet, Priest, Divinity for doing” Thomas Carlyle, On Heroes, Hero-Worship and the Heroic in History, Lincoln/London University of Nebraska Press, 1966, 155-156. 9 Voir son autobiographie “The writer of stories must please or he will be nothing. And he must teach whether he wishes to teach or no. How shall he teach lessons of virtue and at the same time make himself a delight to his readers? That sermons are not in themselves often thought to be agreeable we all know. Nor are disquisitions on moral philosophy supposed to be pleasant light reading for our idle hours. But the novelist, if he have a conscience, must preach his sermons with the same purpose as the clergyman, and must have his own system of ethics” Anthony Trollope, An Autobiography, Harmondsworth Penguin Classics, 1996, 143. 10 Elizabeth Gaskell ne fait que peu de rĂ©fĂ©rences Ă  son propre travail de romanciĂšre dans sa correspondance mais il semble cohĂ©rent d’appliquer certains de ses commentaires sur la vocation de Charlotte BrontĂ« Ă  son propre cas “a woman’s principal work in life is hardly left to her own choice; nor can she drop the domestic charges devolving on her as an individual, for the exercise of the most splendid talents that were ever bestowed. And yet she must not shrink from the extra responsibility implied by the very fact of her possessing such talents. She must not hide her gift in a napkin; it was meant for the use and service of others. In an humble and faithful spirit must she labour to do what is not impossible, or God would not have set her to do it” Elizabeth Gaskell, The Life of Charlotte BrontĂ«, London Everyman, 1997, 257-258. 11 Voir, par exemple, le passage qui concerne la mort des parents de Ruth “God in His mercy knew the sure baulm, and sent the Beautiful Messenger to take the weary one home” Elizabeth Gaskell, Ruth, Harmondsworth Penguin Classics, 1997, 34. 12 John Bunyan, The Pilgrim’s Progress, Oxford The World’s Classics OUP, 1998, 134. 13 “The poor old labourer prayed long and earnestly that night for Ruth. He called it wrestling for her soul’; and I think that his prayers were heard, for God judgeth not as man judgeth’” Elizabeth Gaskell, Ruth, op. cit,45. Ses priĂšres peuvent sembler inefficaces aux yeux des hommes puisque, quelques heures plus tard, Ruth sera sĂ©duite par Bellingham, mais le roman est consacrĂ© Ă  sa rĂ©demption et le salut de son Ăąme ne fait aucun doute dans les derniĂšres pages, de sorte qu’on peut affirmer, sans hĂ©sitation, que les priĂšres de Thomas ont bien Ă©tĂ© entendues. 14 Elizabeth Gaskell, ADark Night’s Work and Other Stories, Oxford The World’s Classics OUP, 1992, 188. 15 Elizabeth Gaskell, North and South, Harmondsworth Penguin Classics, 1986, 291. 16 Voir Michael Wheeler, “Elizabeth Gaskell and Unitarianism”, Durham University Journal 68, 37, June 1976. 17 Elizabeth Gaskell, North and South, op. cit., 202. 18 Elizabeth Gaskell, My Lady Ludlow and Other Stories, Oxford The World’s Classics, 1989, 30. 19 Ainsi, elle ne rejette pas seulement la parabole du riche et de Lazare mais Ă©galement les passages qui dĂ©crivent l’attitude du Christ lorsqu’il renie ses liens de parentĂ© avec sa mĂšre et ses frĂšres Mt ; Mc ; Lc “That text always jarred against me, that who is my mother and my brethren’“ Elizabeth Gaskell, The Letters of Mrs Gaskell, op. cit., 319. 20 Elizabeth Gaskell, Ruth, op. cit., 169. 21 Michael Wheeler, “Elizabeth Gaskell and Unitarianism”, op. cit., 157. 22 “Ruth’s heart was smitten, and she sank down, and down, till she was kneeling on the floor of the pew, and speaking to god in th spirit if not in the words of the Prodigal Son” Elizabeth Gaskell, Ruth, op. cit., 129. 23 “I have been thinking of evry holy word, every promise to the penitent – of the tenderness which led the Magdalena right” ibidem, 100. “Now I wish God would give me the power to speak out convincingly what I believe to be His truth, that not every woman who has fallen is depraved; that many–how many the Great Judgement Day will reveal to those who have shaken off the poor, sore, penitent hearts on earth–many, many crave and hunger after a chance of virtue–the help which no man gives to them–that gentle, tender help which Jesus gave once to Mary Magadalen” ibid., 288. 24 “The errors of my youth may be washed away by my tears–it was once so when the gentle, blessed Christ was on earth” ibid., 288. 25 Eric Trudgill, Madonnas and Magdalens. The Origins and Development of Victorian Sexual Attitudes, London Heinemann, 1976, 289. 26 Voir Anna Jameson, Legends of the Madonna, London Longman, Green, 1867, xlviii. 27 Elizabeth Gaskell, Ruth, op. cit., 110. 28 Ibidem, 134. 29 Ibid., 137. 30 Ce chiffre symbolique apparaĂźt plusieurs fois dans le rĂ©cit Benson – qui, au dĂ©but du rĂ©cit, est Ă©galement associĂ© Ă  la figure christique – loge pour la troisiĂšme fois chez Mrs. Hugues lorsqu’il rencontre Ruth et il veille sur cette derniĂšre pendant trois jours avant l’arrivĂ©e de sa sƓur. Ruth travaille chez Bradshaw pendant trois ans avant que ce dernier ne dĂ©couvre sa faute et la chasse. Enfin, l’hĂ©roĂŻne meurt au troisiĂšme jour de sa maladie et Mr. Donne alias Bellingham se rend Ă  son chevet trois jours aprĂšs sa mort. 31 Elizabeth Gaskell, Ruth, op. cit., 233. 32 Ibidem, 243. 33 Des quatre Évangiles, c’est celui auquel Elizabeth Gaskell fait le plus souvent rĂ©fĂ©rence dans Ruth. 34 Ibid., 321. 35 Ibid., 351. 36 Voir Ruth Watt, Gender, Power and the Unitarians in England, 1760-1860, London and New York Longman, of page References Bibliographical reference Benjamine Toussaint-Thiriet, “Car la Lettre tue mais l’Esprit vivifie une relecture des textes bibliques selon Elizabeth Gaskell”, Revue LISA/LISA e-journal, Vol. V - n°4 2007, 154-169. Electronic reference Benjamine Toussaint-Thiriet, “Car la Lettre tue mais l’Esprit vivifie une relecture des textes bibliques selon Elizabeth Gaskell”, Revue LISA/LISA e-journal [Online], Vol. V - n°4 2007, Online since 08 October 2009, connection on 27 August 2022. URL DOI of page
Lalecture intellectuelle tue, mais la lecture en priĂšre donne la vie. Plus on lit la Bible en priĂšre, plus on a le sentiment profond que quelque chose coule, vivifie, ravive, Ă©claire et fortifie. Plus on lit la Parole dans la priĂšre, plus on est vivifiĂ©. Lorsque vous lisez la Parole mentalement, vous ĂȘtes mortifiĂ©s, mais lorsque vous lisez
Abstract Index Outline Text Notes References Author Abstracts Le phĂ©nomĂšne de relecture des Écritures n’est pas propre au Nouveau Testament. Il Ă©tait dĂ©jĂ  Ă  l’Ɠuvre dans l’Ancien et se poursuivra dans la thĂ©ologie chrĂ©tienne. La figure de l’Alliance nouvelle en est une belle illustration. En Jr 38,31-34, selon la Septante, sa nouveautĂ© est son caractĂšre intĂ©riorisĂ©. Dans Jr 31,31­34, selon le Texte massorĂ©tique, l’accent est mis en retour sur le caractĂšre Ă©ternel de l’engagement du Seigneur. En HĂ©breux, la pointe de l’argumentation porte sur le caractĂšre Ă  la fois dĂ©cisif et unique de l’alliance scellĂ©e par le sang du Christ. Avec Thomas d’Aquin enfin, on passe d’une thĂ©ologie de l’imminence He 10,37 Ă  une thĂ©ologie de chrĂ©tientĂ© faite pour durer dans un monde dont elle assure la cohĂ©rence de la pensĂ©e. Revisiting the Scriptures is not a privilege of the New Testament. That practice was already common in the Old Testament and was to be continued in Christian theology. The figure of the New Alliance is a perfect example. In Jr 38, 31-34, in the Septuagint, the novelty is its interiorized character. In Jr 31, 31-34, in the massoretic text, what is emphasized is the eternal character of the commitment of the Lord. In the Letter to the Hebrews the core of the argument bears on the simultaneously decisive and unique character of the Alliance sealed by the blood of Jesus-Christ. Finally with Thomas Aquinas, a theology of imminence He 10,37 is replaced by a theology that is to last for long years in a world where that theology guarantees the coherence of of page Full text 1 P. Buis, La notion d’alliance dans l’Ancien Testament, Paris, Éd. du Cerf, 1976 ; A. Jaubert, La no ... 1Le thĂšme de l’Alliance a Ă©tĂ© Ă©tudiĂ© Ă  de multiples reprises, notamment par P. Buis pour l’Ancien Testament et par A. Jaubert pour le judaĂŻsme intertestamentaire1. Aussi rien ne sera dit ici sur le riche lexĂšme hĂ©braĂŻque berĂźt ni sur les verbes karat et natan, qui le plus souvent l’accompagnent. Le prĂ©sent article est consacrĂ© Ă  la seule alliance nouvelle » et plus prĂ©cisĂ©ment Ă  la citation de l’oracle de JĂ©rĂ©mie 31,31-34 dans l’épĂźtre aux HĂ©breux 8,8-12 et 10,16-17 et Ă  son Ă©tude par Thomas d’Aquin dans le Commentaire de cette Ă©pĂźtre. Il nous paraĂźt en effet judicieux de considĂ©rer non seulement l’affirmation, dans la grande homĂ©lie christologique nĂ©otestamentaire », de l’accomplissement de l’oracle jĂ©rĂ©mien, mais aussi l’aval de cette affirmation dans la pensĂ©e d’un auteur qui a incontestablement marquĂ© la thĂ©ologie chrĂ©tienne. Notre article comprend donc deux parties la premiĂšre consacrĂ©e Ă  l’affirmation par l’épĂźtre aux HĂ©breux de l’accomplissement christique et la deuxiĂšme Ă  l’exĂ©gĂšse de cette mĂȘme Ă©pĂźtre par Thomas d’Aquin. I. Les citations de JĂ©rĂ©mie 31 38, 31-34 dans l’Epitre aux HĂ©breux 1. La source 2 B. Renaud, Nouvelle ou Ă©ternelle alliance ? Le message des prophĂštes, Paris, Éd. du Cerf, 2002, p. ... 2Seul dans l’Ancien Testament, JĂ©rĂ©mie avait annoncĂ© une alliance nouvelle ». En revanche, l’alliance noachique de Gn 9 et l’alliance abrahamique de Gn 17 », Ă©crit B. Renaud, sont prĂ©sentĂ©es comme des alliances Ă©ternelles berĂźt ĂŽlam2 ». Le livre de JĂ©rĂ©mie prĂ©sente une deuxiĂšme particularitĂ© la version de la Septante LXX y est plus courte de mots environ que celle du texte massorĂ©tique TM. Enfin, si la LXX et le TM parlent Ă©galement d’une alliance nouvelle et insistent sur son caractĂšre permanent, ils n’articulent pas de la mĂȘme façon ces deux aspects. 3Pour la LXX, le Seigneur avait fait preuve de dĂ©sintĂ©rĂȘt envers les pĂšres » parce qu’ils n’étaient pas demeurĂ©s dans l’alliance. Mais il n’en rejette pas pour autant IsraĂ«l. Il veut mĂȘme conclure une nouvelle alliance » inscrite dans les cƓurs et marquĂ©e par l’intĂ©riorisation. A IsraĂ«l d’entrer dans ce projet divin de nouvelle alliance » ; alors il y aura pour lui une nouvelle raison d’espĂ©rer, malgrĂ© tout. 3 Voir LĂ©vitique et Ps 106,30. 4 En Jr 33,18 TM, nous lisons Il ne manquera jamais aux prĂȘtres lĂ©vitiques des hommes qui se tien ... 5 Jr 31, 35 TM se rĂ©fĂšre aux lois cosmiques d’organisation immuable du cosmos et Jr 38, 35 LXX aux lo ... 6 Bogaert, Le livre de JĂ©rĂ©mie en perspective les deux rĂ©dactions antiques selon les travau ... 4Le TM marque beaucoup plus nettement le contraste entre, d’un cĂŽtĂ©, le caractĂšre Ă©ternel de la fidĂ©litĂ© du Seigneur envers IsraĂ«l et, de l’autre, la responsabilitĂ© exclusive du peuple dans la rupture, laquelle cependant n’est pas irrĂ©mĂ©diable, puisque Dieu promet la remise des pĂ©chĂ©s. Ici, on ne peut pas ne pas penser au systĂšme d’expiation des fautes mis en place dans le cadre du code sacerdotal3. De davidique, l’alliance avec Dieu est devenue sacerdotale4. Avec Bogaert5, nous lisons Jr 31,35-37 TM et sa modification par rapport Ă  Jr 38,35-37 LXX en lien Ă©troit avec la longue addition6 favorable Ă  la dynastie et au sacerdoce Jr 33,14-26 TM que ce fragment annonce. 7 Voir Sonnet, Inscrire le nouveau dans l’ancien. ExĂ©gĂšse intra-biblique et hermĂ©neutique de ... 5Le phĂ©nomĂšne de relecture des Ecritures ne date pas du Nouveau Testament. Il Ă©tait dĂ©jĂ  Ă  l’Ɠuvre dans l’élaboration et la transmission de l’Ancien7. L’épĂźtre aux HĂ©breux, marquĂ©e par l’évĂ©nement pascal, articule les deux aspects de permanence et de nouveautĂ© selon une disposition qui lui est spĂ©cifique. 6Alors qu’il ne fait qu’une seule mention de l’alliance Ă©ternelle » He 13,20, le Nouveau Testament reprend plusieurs fois l’expression alliance nouvelle ». Si les textes tĂ©moins sont peu nombreux, ils sont fondamentaux. Ils se situent principalement dans l’épĂźtre aux HĂ©breux et dans les rĂ©cits de la CĂšne, sans oublier 2 Co 3,6 [Dieu] nous a rendus capables d’ĂȘtre ministres d’une alliance nouvelle, non de la lettre, mais de l’esprit ; car la lettre tue, mais l’Esprit vivifie ». 8 S. Benetreau, L’épĂźtre aux HĂ©breux, Vaux-sur-Seine,Édifac, t. 2,1990, p. 85. 9 L’auteur se sert de la polysĂ©mie de diathĂȘkĂ« pour rĂ©aliser un glissement sĂ©mantique, temporaire, Ă  ... 10 Le grec dispose de deux adjectifs pour exprimer la nouveautĂ©. Bien que C. Spicq estime qu’ ils son ... 7Il reste que, dans le Nouveau Testament, c’est dans notre Ă©pĂźtre que le mot alliance » diathĂȘkĂȘ est le plus frĂ©quent. Il y figure 17 fois8. Plus prĂ©cisĂ©ment, le mot diathĂȘkĂȘ, employĂ© 2 fois en annonce He 7,22 et 8,6, se trouve 4 fois dans la longue citation de Jr 3138, 31-34 en He 8,8-12 ; il est ensuite repris 11 fois dans cette mĂȘme Ă©pĂźtre. La Traduction ƒcumĂ©nique de la Bible TOB le rend 15 fois par le mot alliance » et 2 fois par le mot testament » He 9, L’expression proprement dite diathĂȘkĂȘ kainĂȘ alliance nouvelle intervient 3 fois 2 fois explicitement He 8,8 ; 9,15 et une fois implicitement He 8,13. On en rapprochera l’emploi de l’expression diathĂȘkĂȘ nea une alliance neuve/jeune en He 12,24, tout en maintenant une distinction de sens10. 3. La place des citations de JĂ©rĂ©mie 3138, 31-34 dans HĂ©breux 11 S’ajoute un Ă©pilogue He 13, 20-25 qui ne fait pas partie de l’homĂ©lie proprement dite. 12 Nous suivons, pour l’essentiel, A. Vanhoye, La structure littĂ©raire de l’épĂźtre aux HĂ©breux, Paris, ... 8L’homĂ©lie, qui constitue la quasi-totalitĂ© de l’épĂźtre aux HĂ©breux11, comprend un prologue 1,1-4 et cinq parties12 a Le Christ est situĂ© par rapport aux anges, Ă  Dieu et aux hommes 1,5­2,18 ;b JĂ©sus est le grand prĂȘtre digne de foi et misĂ©ricordieux 3,1-5,10 ;c Le sacerdoce et le sacrifice du Christ ont une valeur sans Ă©gale 5,11­10,18 ;d PersĂ©vĂ©rez dans la foi ! 10,19-12,13 ;e Vivez sur des pistes droites ! 12,14-13,19. 9La premiĂšre citation de JĂ©rĂ©mie 31,31-34 se trouve donc dans la troisiĂšme partie le sacerdoce et le sacrifice du Christ ont une valeur sans Ă©gale » 5,11-10,18. AprĂšs une longue invitation Ă  prĂȘter attention 5,11-6,20, cette troisiĂšme partie est elle-mĂȘme subdivisĂ©e en trois sections. 10La premiĂšre section 7,1-28 prĂ©sente un exposĂ© initial sur la supĂ©rioritĂ© du sacerdoce de JĂ©sus comparĂ© au sacerdoce lĂ©vitique. 11La deuxiĂšme section 8,1-9,28 indique en quel sens et de quelle façon le Christ est arrivĂ© Ă  la perfection ». AnnoncĂ©e par le mot-crochet alliance », qui est rĂ©pĂ©tĂ© 8, la premiĂšre citation de JĂ©rĂ©mie 31,31-34 est insĂ©rĂ©e dans cette section, plus prĂ©cisĂ©ment mĂȘme dans la sous-section 8,7-13. Ensuite, 9,1-28 compare longuement la mort de JĂ©sus au rituel du Jour du Grand Pardon. HĂ©breux trace un parallĂšle entre le grand prĂȘtre, qui entre chaque annĂ©e dans le Saint des Saints avec le sang des boucs et des taureaux, et JĂ©sus, qui entre une fois pour toutes dans le sanctuaire divin avec son propre sang, scellant ainsi la nouvelle alliance. 12La troisiĂšme section 10,1-18 clĂŽt cette troisiĂšme partie en rappelant que Dieu prĂ©fĂšre l’obĂ©issance Ă  une multiplicitĂ© de sacrifices. C’est cette obĂ©issance qui entraĂźne l’efficacitĂ© parfaite du sacrifice du Christ pour nous dĂ©livrer de nos pĂ©chĂ©s une fois pour toutes » 10,10.Nos pĂ©chĂ©s sont maintenant pardonnĂ©s, comme le souligne la reprise partielle de la citation jĂ©rĂ©mienne en 10,16-17 ; mais, maintenant aussi, revers de la mĂ©daille, il n’y a plus d’offrande pour le pĂ©chĂ©. Avant d’étudier 10,16-17, revenons Ă  la premiĂšre citation de JĂ©rĂ©mie en He 8,8-12. 4. La citation de JĂ©rĂ©mie 31 38, 31-34 en HĂ©breux 8, 8-12 13 S. Kistmaker, The Psalm Citations in the Epistle to the Hebrews, Amsterdam, Van Soest, 1961, p. 40- ... 14 La teleiĂŽsis vise en fait la qualitĂ© de prĂȘtre sauveur acquise par le Christ du fait de sa Passio ... 13HĂ©breux suit de trĂšs prĂšs le texte de la Septante13. La seule diffĂ©rence de quelque importance se lit dans le premier verset kai suntelesĂŽ epi ton oikon IsraĂȘl je conclurai avec la maison d’IsraĂ«l, alors que la LXX Ă©crit kai diathĂȘsomai tĂŽi oikĂŽi IsraĂ«l je m’allierai Ă  la maison d’IsraĂ«l. Dans les trois versets repris de Jr 3138,31-33, l’auteur d’HĂ©breux transpose trois fois diffĂ©remment le diathĂȘsomai de la LXX d’abord en suntelesĂŽ je conclurai v. 8, puis en epoiĂȘsa je fis v. 9 et enfin en diathĂȘsomai je m’allierai v. 10. Il est vraisemblable que, pour la premiĂšre des trois traductions du verbe exprimant la conclusion de l’alliance, l’auteur a choisi un Ă©quivalent linguistique, suntelesĂŽ, rappelant l’idĂ©e, importante pour lui, de la teleiĂŽsis14 action de parfaire, accomplissement He 7,11. 15 Spicq, L’épĂźtre aux HĂ©breux, vol. 11, 1953, p. 243. 16 La loi dans l’épĂźtre aux HĂ©breux », dans Focant Ă©d., La Loi dans l’un etl’autre Test ... 17 Tout en restant globalement trĂšs fidĂšles Ă  la LXX, les manuscrits d’HĂ©breux prĂ©sentent entre eux qu ... 14Le texte d’HĂ©breux prĂ©sente quelques autres diffĂ©rences mineures avec la LXX. Mais seule l’omission de dĂŽsĂŽ aprĂšs didous donnant 8,10 est intĂ©ressante sur le plan thĂ©ologique, car elle a pour effet de sĂ©parer l’expression donnant mes lois » des complĂ©ments de lieu qui la suivent. C. Spicq n’est pas de cet avis quand il traduit Donnant mes lois dans leur entendement / Et dans leur cƓur je les inscrirai15 ». Mais, demeurant fidĂšle au texte grec, A. Vanhoye propose En donnant mes lois / c’est dans leur pensĂ©e et dans leurs cƓurs que je les inscrirai16 ». Cette intelligence du texte est plus apte Ă  expliquer l’inversion en He 10,16 des complĂ©ments de lieu - pensĂ©e et cƓurs -en rapport l’un et l’autre avec le mĂȘme verbe, epigrapsĂŽ j’inscrirai17. 15Ne diffĂ©rant de la traduction donnĂ©e par C. Spicq dans la Bible de JĂ©rusalem que par le rattachement des complĂ©ments de lieu au verbe epigrapsĂŽ j’inscrirai He 8,10, la TOB donne la traduction suivante d’A. Vanhoye 8 En fait, c’est bien un reproche qu’il leur adresse Voici des jours viennent, dit le Seigneur, oĂč je conclurai avec la maison d’IsraĂ«l et avec la maison de Juda une alliance nouvelle,9 non pas comme l’alliance que je fis avec leurs pĂšres, le jour oĂč je les pris par la main pour les mener hors du pays d’Egypte. Parce qu’eux-mĂȘmes ne se sont pas maintenus dans mon alliance, moi aussi je les ai dĂ©laissĂ©s, dit le Car voici l’alliance par laquelle je m’allierai avec la maison d’IsraĂ«l aprĂšs ces jours-lĂ , dit le Seigneur en donnant mes lois, c’est dans leur pensĂ©e et dans leurs cƓurs que je les inscrirai. Je deviendrai leur Dieu, ils deviendront mon Chacun d’eux n’aura plus Ă  enseigner son compatriote ni son frĂšre en disant Connais le Seigneur ! car tous me connaĂźtront, du plus petit jusqu’au plus grand,12 parce que je serai indulgent pour leurs fautes et de leurs pĂ©chĂ©s, je ne me souviendrai En parlant d’une alliance nouvelle, il a rendu ancienne la premiĂšre ; or ce qui devient ancien et qui vieillit est prĂšs de disparaĂźtre. 18 Le Dieu de la nouvelle alliance dans l’épĂźtre aux HĂ©breux », dans J. Coppens Ă©d., La ... 16L’auteur d’HĂ©breux intĂšgre rĂ©ellement les trois caractĂ©ristiques de la nouvelle alliance annoncĂ©e par JĂ©rĂ©mie loi intĂ©rieure, relation personnelle avec Dieu, pardon des pĂ©chĂ©s18, puisqu’il rapporte, sans l’interrompre, le long oracle de Jr 3138,31-34. Pourtant ce qui l’intĂ©resse au premier chef, c’est le constat du vieillissement de l’ancienne alliance He 8,13. Le message jĂ©rĂ©mien du salut Ă  venir, prĂ©sentĂ© comme un reproche explicite He 8,7, est recontextualisĂ© dans l’affirmation du fondement de l’alliance nouvelle ayant donnĂ© sa propre vie pour ses frĂšres, le Christ est le vrai mĂ©diateur. En He 10,18, la dure consĂ©quence de cette affirmation est tirĂ©e de la reprise partielle de Jr 31,31-34. 5. La reprise de la citation de Jr 31 38, 31-34 en He 10, 16-17 17Les diffĂ©rences entre la citation de Jr 3138, 31-34 en He 8,8-12 et sa reprise en He 10,16-17 sont assez importantes. Outre que l’auteur omet la plus grande partie des versets du texte-source, il remplace certains mots. Nous n’en sommes plus au mĂȘme point de l’argumentation. La TOB traduit ainsi C’est ce que l’Esprit Saint nous atteste, lui aussi. Car aprĂšs avoir dit Voici l’alliance par laquelle je m’allierai avec eux aprĂšs ces jours-lĂ , le Seigneur a dĂ©clarĂ© En donnant mes lois, c’est dans leurs cƓurs et dans leur pensĂ©e que je les inscrirai, et de leurs pĂ©chĂ©s et de leurs iniquitĂ©s je ne me souviendrai plus. He 10,15-17. 18Cette traduction prĂȘte Ă  discussion. Elle rend en effet le prĂ©sent legei du texte originel par un passĂ© composĂ© il a dĂ©clarĂ© ». Par ailleurs ce legei kurios est la proposition principale d’une phrase commençant par la subordonnĂ©e infinitive mĂ©ta gar to eirĂȘkenai aprĂšs avoir dit. Ici, la pointe de l’argumentation s’est dĂ©placĂ©e par rapport Ă  He 8,8-12. Il y a dĂ©jĂ  un acquis l’instauration de l’alliance nouvelle, argumentĂ©e en He 8,1-9,28. Nous devons maintenant prendre conscience de ce que cette instauration implique. Nous sommes devant un beau cas de mutation de la pointe d’une citation en fonction d’une contextualisation nouvelle, auquel nous rend sensibles une structure grammaticale diffĂ©rente ce qui, dans le texte citĂ©, Ă©tait une rĂ©flexion conclusive - de leurs pĂ©chĂ©s et de leurs iniquitĂ©s je ne me souviendrai plus » - devient, dans le texte citant, la proposition principale. 19Selon Jr 3138, 31-34, faut-il le rappeler, l’alliance nouvelle est fondĂ©e sur le pardon divin. Dieu ne se souvient plus des pĂ©chĂ©s, il les efface. Il offre ainsi Ă  son peuple un avenir nouveau. Le TM met l’accent sur le fait que c’est grĂące aux prĂȘtres et Ă  la fĂȘte de Kippour que Dieu pardonne et que l’alliance peut donc perdurer, malgrĂ© les manquements humains. 20Or l’auteur d’HĂ©breux voit les choses diffĂ©remment. AprĂšs avoir citĂ© Jr 31,34, il commente aussitĂŽt ce verset dans les termes suivants LĂ  oĂč il y a eu pardon, on ne fait plus d’offrande pour le pĂ©chĂ© » He 10,18. Il en tire plus loin la conclusion Si nous pĂ©chons dĂ©libĂ©rĂ©ment [...] il ne reste plus pour les pĂ©chĂ©s aucun sacrifice, mais seulement une attente terrible du jugement » He 10,26 s, rappelant l’anathĂšme initial de He 6,6. La recontextualisation de Jr 3138,34 par l’épĂźtre est dure Ă  entendre pour les destinataires mais ce qui doit les maintenir dans la foi, c’est que la Parousie est toute proche He 10,37. Il convient de tenir bon jusque-lĂ . 6. La mutation de la figure de l’ alliance nouvelle » dans HĂ©breux 19 C. Spicq, La thĂ©ologie des deux alliances dans l’épĂźtre aux HĂ©breux », Revue des Sciences Philoso ... 21La grande originalitĂ© de l’épĂźtre aux HĂ©breux dans la thĂ©ologie de l’alliance est d’avoir rattachĂ© celle-ci au sacerdoce et au sacrifice du Christ. Le culte chrĂ©tien s’exprime dans le sacrifice eucharistique. La nouvelle alliance purifie les consciences. Elle est stable et Ă©ternelle 12,28. Inscrite dans l’esprit et le cƓur, elle est l’union personnelle de chaque Ăąme avec Dieu. Elle est une science mystique de Dieu19. 22Dans 8,7-13 et 10,16-17, l’intertextualitĂ© est mise au service d’une dĂ©monstration, celle de l’imperfection de la premiĂšre alliance, Ă  laquelle s’oppose le caractĂšre dĂ©cisif et non-rĂ©itĂ©rable de la nouvelle. L’oracle sur l’ alliance nouvelle » passe du statut de prophĂ©tie annonçant au peuple d’IsraĂ«l des jours meilleurs vers celui de preuve rhĂ©torique invitant Ă  tenir bon, sans dĂ©faillance. 20 Ibid., p. 26. 21 Michaud, L’épĂźtre aux HĂ©breux aujourd’hui », dans M. Gourgues et L. Laberge Ă©d., De bie ... 23JĂ©rĂ©mie, constatant la faillite de l’ancienne alliance, concluait qu’il y en aurait une nouvelle. Par une dĂ©marche inverse, HĂ©breux, aprĂšs avoir dĂ©duit de l’excellence du mĂ©diateur l’excellence de la nouvelle alliance20, infĂšre, de la perfection mĂȘme de cette derniĂšre, son caractĂšre non rĂ©itĂ©rable. Le Christ rĂ©alise la visĂ©e des sacrifices, non par un acte rituel renouvelable Ă  volontĂ©, mais par l’acte existentiel du don de sa propre vie21, par dĂ©finition unique. 24C’est pourquoi la rĂ©pĂ©tition rituelle n’est plus la garantie de la permanence mais le signe de l’échec. L’auteur proclame nous avons Ă©tĂ© sanctifiĂ©s par l’offrande du corps de JĂ©sus Christ, faite une fois pour toutes » 10,10. Ce une fois pour toutes » a deux aspects d’une part, il est dĂ©cisif ; d’autre part, il ne laisse pas de deuxiĂšme chance. La mutation apportĂ©e Ă  la figure de l’ Alliance nouvelle » est le reflet d’une situation historique prĂ©cise le reflux des communautĂ©s chrĂ©tiennes, auquel rĂ©pond l’adjuration insistante Ne dĂ©sertons pas nos assemblĂ©es » 10,25. 25L’exhortation d’HĂ©breux repose aussi sur une conviction c’est que encore si peu, si peu de temps, et celui qui vient sera lĂ  ; il ne tardera pas » 10,37. Le dĂ©lai qui nous est laissĂ© avant cette venue est un sursis qui nous est accordĂ© dans une perspective de paideia correction, afin que mĂ»risse en nous cette diathĂȘkĂ« kainĂȘ alliance nouvelle, aujourd’hui encore un peu jeune diathĂȘkĂȘ nea 12,24. Mais, le temps passant, cette argumentation devra ĂȘtre prĂ©cisĂ©e. A une thĂ©ologie de l’imminence devra se substituer une thĂ©ologie de la permanence. Le commentaire de l’épĂźtre aux HĂ©breux par Thomas d’Aquin nous en offre un bel exemple. II. Le commentaire d’HĂ©breux 8 et 10 par Thomas d’Aquin 22 É. Cothenet, L’Ɠuvre exĂ©gĂ©tique de saint Thomas d’Aquin », Esprit et Vie, 80 avril 2003, 2e quin ... 26Alors que l’Ɠuvre thĂ©ologique et philosophique du docteur angĂ©lique a Ă©tĂ© Ă©tudiĂ©e Ă  maintes reprises, son Ɠuvre exĂ©gĂ©tique l’a Ă©tĂ© beaucoup moins. C’est tout rĂ©cemment qu’ont Ă©tĂ© publiĂ©s, aux Editions du Cerf, le Commentaire sur les Psaumes 1996, le Commentaire sur l’Évangile de saint Jean, t. I 1998, le Commentaire de l’épĂźtre aux Romains 1999, le Commentaire de la PremiĂšre Ă©pĂźtre aux Corinthiens 200222 ainsi que, derniĂšrement, le Commentaire de la DeuxiĂšme Ă©pĂźtre aux Corinthiens 2005. La seule traduction française du Commentaire de l’épĂźtre aux HĂ©breux reste celle de l’abbĂ© BralĂ© 1874. 23 G. Berceville, Le sacerdoce du Christ dans le Commentaire de l’épĂźtre aux HĂ©breux de saintThomas ... 24 Les rĂ©fĂ©rences au Commentaire de S. Thomas d’Aquin sont donnĂ©es Ă  deux Ă©ditions OpĂ©ra omnia, Ă©d. ... 27Thomas a probablement donnĂ© son cours sur l’épĂźtre aux HĂ©breux dans les annĂ©es 1265-126823. Il prĂ©cise d’abord l’objet » de celle-ci Dans cette Ă©pĂźtre, il [l’ApĂŽtre] fait ressortir la grĂące mĂȘme dans le chef de l’Église, c’est-Ă -dire en JĂ©sus-Christ24. » Les versets 8-12 du chapitre 8, reproduisant la citation de Jr 3138,31-34, sont commentĂ©s par Thomas dans les leçons II et III de la section de son ouvrage consacrĂ©e Ă  ce chapitre. 28C. Spicq observe que Thomas intĂšgre nettement l’exĂ©gĂšse Ă  la thĂ©ologie 25 C. Spicq, Thomas d’Aquin saint. VI. Saint Thomas d’Aquin exĂ©gĂšte », Dictionnaire de ThĂ©ologie c ... l’exĂ©gĂšse de saint Thomas est thĂ©ologique en ce sens que le texte biblique est exploitĂ© en vue de fournir un argument aux thĂšses thĂ©ologiques ; l’exĂ©gĂšte dĂ©gage du donnĂ© rĂ©vĂ©lĂ© des arguments scripturaires, soit que ceux-ci servent de base au raisonnement, soit qu’ils appuient une conclusion Ă©tablied’avance25. 29Il faut donc comprendre le commentaire de Thomas en tenant l’exĂ©gĂšse pour servante de la thĂ©ologie ». Aussi, dans notre analyse des deux passages citant l’oracle de Jr 31,31-34, nous nous intĂ©resserons d’abord Ă  la mĂ©thode exĂ©gĂ©tique He 8,6-13, ensuite Ă  quelques aspects plus thĂ©ologiques He 10,11-39. Mais, en tout premier lieu, sur quel texte biblique Thomas travaille-t-il ? 1. Le texte biblique de Thomas 26 Avant son dĂ©part pour Paris en 1252, Thomas d’Aquin avait, dans son commentaire du livre de JĂ©rĂ©mie ... 27 C. Spicq, Esquisse d’une histoire de l’exĂ©gĂšse latine au Moyen Age, Paris, J. Vrin, 1944, p. 198. 30Comme ses contemporains, Thomas ne possĂšde que le texte latin de la Vulgate. S’il mentionne des variantes26, c’est chez ses devanciers qu’il les rencontre et non sur des manuscrits ; il ignore le grec et l’hĂ©breu27. Notons les cas suivants pour l’exĂ©gĂšse de He 8,8-12. 31a. Thomas compare feriam de Jr 31,31 Ă  consummabo de He 8,8 28 Éd. VivĂšs, p. 653 ; Éd. Marietti, p. 422, n° 395 s. C’est lĂ  l’autoritĂ© du prophĂšte JĂ©rĂ©mie, oĂč on ne la trouve pas tout Ă  fait dans ces termes, mais avec trĂšs peu de changements. On y lit [...] Je ferai une nouvelle alliance feriam foedus novum [...] », [...] l’ApĂŽtre dit Je mĂšnerai Ă  sa perfection consummabo. »Ad Hebraeos [Ad Hebr.], chapitre 8, leçon 228. 32b. Thomas met Ă©galement en parallĂšle neglexi je les ai mĂ©prisĂ©s He 8,9 et dominatus sum je leur ai fait sentir ma domination Jr 31,32. 33c. Il repĂšre un pluriel mes lois » He 8,10 face au singulier ma loi » Jr 31,33. 34d. Lorsqu’il reproduit les mots leurs pĂ©chĂ©s », au pluriel He 8,12, il indique qu’il existe une autre version le singulier, leur pĂ©chĂ© » Jr 31,34 ; c’est alors du pĂ©chĂ© originel qu’il s’agit. 29 Torrell, Saint Thomasd’Aquin, maĂźtre spirituel. Initiation 2, Fribourg, Éd. Universitaires, P ... 35Quant Ă  la canonicitĂ© de l’épĂźtre, elle est assurĂ©e pour Thomas par l’usage de l’Église. Aussi, le prologue de son commentaire ne retient comme question exĂ©gĂ©tique que celle de l’authenticitĂ©. Il en donne une analyse trĂšs historico-positive29 », mettant notamment en avant le critĂšre du style. Ainsi la Somme explique-t-elle les diffĂ©rences de style entre cette Ă©pĂźtre et les autres par le fait que ces derniĂšres auraient Ă©tĂ© Ă©crites en grec et celle-lĂ  en hĂ©breu, langue maternelle de Paul La Glose dit, en effet, au sujet de l’épĂźtre aux HĂ©breux il n’est pas Ă©tonnant que cette Ă©pĂźtre soit plus Ă©loquente que les autres. Il est en effet naturel Ă  chacun de mieux parler sa propre langue qu’une langue Ă©trangĂšre. Or les autres Ă©pĂźtres, l’ApĂŽtre les a composĂ©es dans une langue Ă©trangĂšre, le grec, mais celle-ci il l’a Ă©crite en hĂ©breu. IIa-IIae, q. 176, a. 1. 2. Thomas d’Aquin et He 8, 6-13 36Dans le commentaire sur He 8,6-13, nous observons deux particularitĂ©s qui, sans ĂȘtre propres Ă  Thomas, jouent chez lui un grand rĂŽle. L’exĂ©gĂšse thomasienne accorde d’une part une importance dĂ©cisive Ă  la division du texte » et postule d’autre part l’unitĂ© organique du texte biblique. a La division du texte » 30 JĂ©sus-Christ, grand prĂȘtre de l’ancienne et de la nouvelle alliance. Étude thĂ©ologiqu ... 37La division du texte » est, sans doute, la particularitĂ© de l’exĂ©gĂšse thomasienne la plus importante par ses consĂ©quences. Son unique but Ă©tant de nourrir la foi du lecteur, Thomas met tout en Ɠuvre pour lire l’Écriture sainte dans l’Esprit qui l’a inspirĂ©e. Pour lui, rechercher l’intention de l’auteur », grĂące Ă  la division du texte, c’est rechercher la vĂ©ritĂ© dĂ©jĂ  donnĂ©e par la RĂ©vĂ©lation30. 38Tout cela peut nous surprendre, habituĂ©s que nous sommes Ă  parler de plan » ou de structure » plutĂŽt que de division du texte », comme Ă  ne pas tenir compte du fait que, pour Thomas, l’interprĂ©tation doctrinale du texte saint dans l’Église appartient au sens littĂ©ral. A. Guggenheim prĂ©cise bien la diffĂ©rence de point de vue entre l’exĂ©gĂšse mĂ©diĂ©vale et l’exĂ©gĂšse moderne en Ă©crivant 31 Ibid., p. 673, n. 46. Le P. Vanhoye a mis en Ă©vidence avec rigueur une structure littĂ©raire du texte de l’EpĂźtre aux HĂ©breux, en s’attachant avec attention Ă  la dĂ©termination du sensus » du texte [...] En fait, la division du texte » des mĂ©diĂ©vaux ne se situe pas seulement au niveau de la structure » du texte ; elle passe peut-ĂȘtre trop vite Ă  travers cette Ă©tape. Elle est surtout un acte d’interprĂ©tation de l’intention de l’auteur », de sa sententia31. 32 Éd. VivĂšs, p. 563 ; Éd. Marietti, p. 337, n° 6. 33 A. Vanhoye, Le message de l’épĂźtre aux HĂ©breux », Cahiers Évangile 19, Paris, 1977, p. 34. 34 Pour lui, Ă©crit Vanhoye, la dĂ©couverte de la structure littĂ©raire d’une Ɠuvre doit normalement pe ... 35 Guggenheim, JĂ©sus-Christ, grand prĂȘtre..., p. 564, n. 59. 39Ainsi A. Vanhoye, aprĂšs une Ă©tude approfondie et avec de solides indices, a proposĂ© une structure littĂ©raire en cinq parties principales. Au Moyen Âge, Thomas divisait » l’épĂźtre en seulement deux parties He 1,1-10,39 supĂ©rioritĂ© du Christ et He 11,1-fin comment les membres doivent s’unir Ă  la tĂȘte Ad Hebr. 1, l32. Cette diffĂ©rence d’approche se voit Ă©galement dans la dĂ©termination du centre » de l’épĂźtre. Selon l’approche littĂ©raire de Vanhoye, le nom du Christ grand prĂȘtre a Ă©tĂ© choisi comme clef de voĂ»te de toute la structure. Il est au point central 9,11 de la section centrale 8,1­9,28 de la partie centrale 5,11-10,3933. » Thomas d’Aquin, quant Ă  lui, place le centre thĂ©ologique en He 8,13 et conclut que l’auteur vise avant tout Ă  dĂ©montrer la supĂ©rioritĂ© de la nouvelle alliance sur l’ancienne, proche de sa fin. Alors que l’exĂ©gĂšte contemporain34essaie, en un premier temps, de dĂ©tecter dans le texte les indices objectifs de sa structure, l’auteur mĂ©diĂ©val rĂ©alise un acte hermĂ©neutique d’ensemble qui, tout en apparaissant plus personnel, se veut aussi en communion surnaturelle avec les auteurs de l’Écriture et ses commentateurs dans la foi de l’Église35. 36 G. Dahan, Introduction Ă  Thomas d’Aquin, Commentaire de la premiĂšre Ă©pĂźtre aux Corinthiens, trad. J ... 40La division du texte » va des plus grands ensembles jusqu’aux plus petites unitĂ©s de sens versets ou fragments de versets. Le mode d’argumentation s’efforce de ramener le texte biblique Ă  une suite de raisonnements36 et le commentaire de l’unitĂ© de base du sens prend souvent une forme analogue Ă  celle d’un article de la Somme. A titre d’exemple, l’analyse de He 8, 11 se prĂ©sente ainsi 37 Éd. VivĂšs, p. 655 ; Éd. Marietti, p. 424, n° 407 s. Quand l’ApĂŽtre dit ensuite Et chacun d’eux n’aura plus besoin d’enseigner son prochain et son frĂšre, » [...] Alors on objecte sed contra que l’ApĂŽtre lui-mĂȘme s’appelle le docteur des Gentils [...] Il faut rĂ©pondre respondeo que ce qui est dit ici peut s’entendre de deux maniĂšres [...] Ad Hebr. 8, 337. 41C’est tout Ă  fait le schĂ©ma scolastique affirmation - objection rĂ©ponse Ă  l’objection. Sous cette armature dialectique, la mĂ©thode employĂ©e consiste Ă  expliquer l’Écriture par l’Écriture. b L’unitĂ© du texte biblique 42Pour interprĂ©ter un texte, Ă©carter une objection, les mĂ©diĂ©vaux peuvent citer un tout autre texte de l’Écriture. La conclusion de l’article 3 de la question I de la Prima Pars est des plus explicites sur ce point La doctrine sacrĂ©e est bien une science une. [...] tout ce qui est connaissable par rĂ©vĂ©lation divine s’unifie dans la raison formelle de cette science et, de ce fait, se trouve compris dans la doctrine sacrĂ©e comme dans une science unique. » La doctrine sacrĂ©e chez Thomas est la thĂ©ologie en tant que science procĂ©dant rationnellement des premiers principes, soit les articles de foi, pour aller vers des conclusions vraies, dĂ©jĂ  connues grĂące Ă  la RĂ©vĂ©lation. 38 Le chemin de la thĂ©ologie chez Thomas d’Aquin, Paris, Beauchesne, 1974, p. 871. 43L’Écriture sainte est son propre interprĂšte38. Le vĂ©ritable sens littĂ©ral dĂ©coule de l’analogie de la foi, selon laquelle la vĂ©ritĂ© d’un passage concorde avec la vĂ©ritĂ© d’un autre. C’est ainsi que le commentaire des six versets de He 8,8-13 compte 53 citations, complĂštes ou fragmentaires, d’HĂ©breux et de JĂ©rĂ©mie, 51 citations d’autres textes de l’Écriture et d’Augustin, pour seulement 86 commentaires ou mots de liaison thomasiens. Au total, sur 190 groupes continus de mots », plus de la moitiĂ© sont des citations de l’Écriture ou d’Augustin. Trois exemples concrĂ©tiseront cette affirmation 39 Éd. VivĂšs, p. 654 s. ; Éd. Marietti, p. 424 s., n° 404 s. L’ApĂŽtre dit donc He 8, 10 J’imprimerai mes lois dans leur esprit. » [...] C’est ce que fait le Saint Esprit I Jn, 2,27 Comme son onction vous enseigne toutes choses ; » Jn, 14,26 Le Saint Esprit vous enseignera toutes choses ».Parce que He 8,11 tous me connaĂźtront, depuis le plus petit jusqu’au plus grand », voilĂ  indiquĂ©e la raison pour laquelle nul n’aura besoin d’enseigner son prochain et son frĂšre, c’est que tous connaĂźtront le Seigneur » I Jn, 3,2 Nous le verrons tel qu’il est. » C’est dans cette vision que consiste la bĂ©atitude Jn 17,3 La vie Ă©ternelle consiste Ă  vous connaĂźtre, vous qui ĂȘtes le seul Dieu vĂ©ritable, et JĂ©sus-Christ que vous avez envoyĂ©. »En appelant donc He 8,13 cette alliance du nom de nouvelle, il a montrĂ© que la premiĂšre vieillissait », c’est-Ă -dire il a donnĂ© Ă  entendre que cette alliance Ă©tait ancienne or ce qui se passe et vieillit est proche de sa fin ; » si donc l’ancienne alliance est telle, elle doit ĂȘtre rejetĂ©e Lv 26,10 Quand viendront les fruits nouveaux, vous rejetterez les vieux » Ad Hebr. 8, 2 s.39. 44Nous ne nous aventurerons pas Ă  Ă©valuer comparativement l’exĂ©gĂšse mĂ©diĂ©vale et l’exĂ©gĂšse contemporaine, car elles ne se situent pas au mĂȘme stade de la lecture de la Parole de Dieu. Relevons simplement qu’en faisant de He 8,13 le centre thĂ©ologique de l’épĂźtre aux HĂ©breux, Thomas dĂ©concerte quelque peu, de prime abord, l’exĂ©gĂšte moderne. L’effort hermĂ©neutique Ă  rĂ©aliser face Ă  son commentaire de He 10,11-39 est encore plus important, dans la mesure oĂč, par la force des choses, Thomas doit substituer Ă  une thĂ©ologie de l’imminence une thĂ©ologie de la permanence. 3. Thomas d’Aquin et He 10 45Sans reprendre tout le commentaire de He 10,11-39, limitons-nous Ă  celui de cinq versets 10,26-29 et 37 particuliĂšrement caractĂ©ristiques du passage d’une thĂ©ologie de l’imminence Ă  une thĂ©ologie de la permanence. a He 10, 26-28 46Thomas Ă©crit Ă  propos de He 10,26 et des versets suivants 40 Éd. VivĂšs, p. 679 ; Éd. Marietti, p. 449, n° 516. quand l’homme a Ă©tĂ© rĂ©parĂ© par la grĂące, d’une maniĂšre complĂšte, il est en son pouvoir d’éviter un pĂ©chĂ© mortel et mĂȘme tel pĂ©chĂ© vĂ©niel en particulier ; [...] C’est ce qui fait dire Ă  S. Paul [...] He 10,26 Il n’y a plus dĂ©sormais d’hostie pour les pĂ©chĂ©s » [...]. C’est ainsi que, le baptĂȘme une fois reçu, on n’attend plus un autre baptĂȘme Ad Hebr. 10, 340. 47Alors que la mention du pĂ©chĂ© mortel » fait plutĂŽt attendre une prĂ©cision sur le sacrement de pĂ©nitence, Thomas rappelle le principe de la non-rĂ©itĂ©ration du baptĂȘme. C’est sur ce point qu’il fait porter le caractĂšre unique du sacrifice du Christ et non pas sur une pratique du sacrement de pĂ©nitence destinĂ©e Ă  absoudre les pĂ©chĂ©s commis aprĂšs le baptĂȘme, pratique que Thomas se garde bien de rĂ©cuser. Il relĂšve d’ailleurs dans la Somme Le baptĂȘme reçoit de la passion du Christ la vertu de produire une gĂ©nĂ©ration spirituelle liĂ©e Ă  la mort spirituelle de la vie prĂ©cĂ©dente. Mais il a Ă©tĂ© Ă©tabli que les hommes ne meurent qu’une fois et ne naissent qu’une fois. VoilĂ  pourquoi l’homme ne doit ĂȘtre baptisĂ© qu’une fois. Mais la puissance que la pĂ©nitence reçoit de la Passion du Christ est une puissance de guĂ©rison spirituelle qui peut ĂȘtre souvent renouvelĂ©e. IIIa, q. 84, a. 10. 48On voit bien ici comment, pour tenir compte de la pratique ecclĂ©siale de son temps, Thomas interprĂšte le texte de He 10,26 s, distinguant fort judicieusement entre sacrement du baptĂȘme non rĂ©itĂ©rable la lettre d’HĂ©breux est maintenue et sacrement de pĂ©nitence qui peut ĂȘtre souvent renouvelĂ© la pratique ecclĂ©siale de son temps est confirmĂ©e. b He 10, 29 49L’explication de He 10,29 aurait pu amener le docteur angĂ©lique Ă  traiter du pĂ©chĂ© d’apostasie. Or, il va placer son commentaire dans une perspective morale qui adoucit nettement le propos du verset de rĂ©fĂ©rence 41 Éd. VivĂšs, p. 680 s. ; Éd. Marietti, p. 450 s., n° 524 s. L’ApĂŽtre dit v. 29 Combien donc croyez-vous que celui qui aura foulĂ© aux pieds le Fils de Dieu sera jugĂ© digne d’un plus grand supplice » [...] Celui [...] Ă  qui la foi a Ă©tĂ© annoncĂ©e et qui la mĂ©prise est puni plus sĂ©vĂšrement, parce que le pĂ©chĂ© d’infidĂ©litĂ© est trĂšs grave. Si donc nous Ă©tablissons une comparaison entre le chrĂ©tien et le juif qui ne mĂ©prise pas la loi, et que l’un et l’autre soient coupables d’adultĂšre, le chrĂ©tien sera puni plus sĂ©vĂšrement que le juif, parce que le premier est chĂątiĂ© non seulement pour le pĂ©chĂ© d’adultĂšre, mais encore parce qu’il montre une plus grande ingratitude Ad Hebr. 10, 341. 50Ce qui constituait, pour HĂ©breux, un couperet christologique devient ainsi, pour Thomas, une exhortation morale Ă  l’adresse de chrĂ©tiens qui, ayant plus reçu, doivent se sentir les destinataires d’exigences morales plus grandes. 42 L’intervention divine est Ă©galement donnĂ©e comme imminente en He 10,25 Ne dĂ©sertons pas nos ass ... 51Mais, Ă©videmment, c’est dans le commentaire de He 10,37 que le passage d’une thĂ©ologie de l’imminence42 Ă  une thĂ©ologie de la permanence se fait le mieux sentir. c He 10, 37 52Thomas porte sa rĂ©flexion mĂ©taphysique et thĂ©ologique sur le statut des croyants, quel que soit le temps oĂč ils vivent. Il tient Ă©galement compte d’un temps historique qui dure et, selon toute apparence, est appelĂ© Ă  durer encore longtemps. Pour lĂ©gitimer la lettre de He 10,37, non seulement il relativise la durĂ©e par rapport Ă  l’éternitĂ© - 2 P 3,8 le fait aussi en citant Ps 90,4 - mais il introduit la distinction entre jugement universel et jugement particulier, distinction inconnue de l’épĂźtre aux HĂ©breux 43 Éd. VivĂšs, p. 684 s. ; Éd. Marietti, p. 454, n° 545 et 547. Quand l’ApĂŽtre ajoute v. 37 Parce que, encore un peu de temps, etc. ; »[...] il y a deux espĂšces d’avĂšnement du Seigneur, ainsi qu’il y a deux sortes de jugement, l’un gĂ©nĂ©ral, [...], bien qu’il y ait encore un grand laps de temps par rapport Ă  la durĂ©e et par rapport Ă  nous, il est court toutefois par comparaison Ă  l’éternitĂ© Ps. 89,4 Devant vos yeux, mille ans sont comme le jour d’hier qui est passĂ© ; » [...] En second lieu, quant au jugement particulier, qui se fait Ă  la mort, [...] il importe peu qu’il y ait encore beaucoup ou peu de temps, car chacun sera tel Ă  ce jugement qu’il sera sorti de la vie Ad Hebr. 10,443. 44 Les thĂ©ologiens, Thomas en tĂȘte, ne forcent pas la distinction entre les deux jugements Tout en ... 53Il convient de prĂ©ciser que l’eschatologie thomiste est nettement anti-millĂ©nariste. La nuance entre les deux jugements est Ă  comprendre dans cette perspective44. La pĂ©rennitĂ©, distinguĂ©e de l’imminence, signifie que l’ñge ultime est dĂ©jĂ  lĂ , dans le temps de l’Église, et qu’il y a un seul Ă©vĂ©nement eschatologique, la seconde venue du Christ lors du jugement dernier. 4. L’ alliance nouvelle » chez Thomas d’Aquin 45 L. J. Elders, La relation entre l’ancienne et la nouvelle Alliance selon saint Thomas d’Aquin », ... 46 A. Guggenheim, VĂ©ritĂ© et figure », RThom, 104 2004, p. 234. 54L’épĂźtre aux HĂ©breux est au cƓur des rapports entre les deux Testaments. Or, c’est en figures que l’ parle du Christ, alors que le en apporte la rĂ©alitĂ©45. Dans son commentaire de l’épĂźtre, Thomas donne de comprendre plus prĂ©cisĂ©ment, Ă  l’aide de la figure vĂ©tĂ©rotestamentaire de l’entrĂ©e du grand prĂȘtre dans le Saint des Saints, le lien de la Passion et de la RĂ©surrection du Christ avec l’inauguration de l’Alliance nouvelle46 ». Son commentaire scripturaire est Ă  lire en dialogue avec la Somme thĂ©ologique. Celle-ci Ă©nonce que le sang du Christ a Ă©tĂ© donnĂ© aux hommes de deux façons. D’abord en figure, ce qui appartient Ă  l’ancienne alliance. [...] Ensuite le sang du Christ a Ă©tĂ© donnĂ© aux hommes dans sa rĂ©alitĂ©, ce qui revient Ă  la nouvelle alliance. » IIIa, q. 78, 55Le rapport entre la loi ancienne et la nouvelle correspond Ă  celui de l’imparfait et du parfait La fin de la loi divine, c’est de conduire l’homme Ă  sa fin, la fĂ©licitĂ© Ă©ternelle. Or [...] pareille tĂąche exige la grĂące de l’Esprit Saint, [...] cette grĂące, la loi ancienne ne pouvait la confĂ©rer, cela Ă©tait rĂ©servĂ© au Christ [...] Il s’ensuit que la loi ancienne Ă©tait bonne, mais imparfaite, comme l’indique l’épĂźtre aux HĂ©breux 7,19 La loi n’a rien conduit Ă  la perfection. » I-IIae, q. 98, a. 1. 56 Loi ancienne » et ancienne alliance » sont liĂ©es. Le lien est encore plus fort entre nouvelle Alliance », loi de grĂące » et don de l’Esprit-Saint ». Ce qui prime dans la loi de la nouvelle alliance, ce en quoi rĂ©side toute son efficacitĂ©, c’est la grĂące du Saint-Esprit, donnĂ©e par la foi au Christ. [...] Nul n’a jamais possĂ©dĂ© la grĂące du Saint-Esprit si ce n’est par la foi au Christ, explicite ou implicite. Or, par la foi au Christ, on appartient Ă  la nouvelle alliance. Il s’ensuit que tous ceux en qui fut dĂ©posĂ©e cette loi de grĂące appartenaient de ce fait Ă  la nouvelle alliance. I-IIae, q. 106, a. 1. 57La loi nouvelle est une rĂ©alitĂ© intĂ©rieure. Le principal en elle est la grĂące du Saint-Esprit. Le docteur angĂ©lique rĂ©alise ainsi un approfondissement de la figure de la nouvelle alliance » le cƓur de la loi nouvelle, et donc de la nouvelle alliance, c’est la grĂące. Sa grande nouveautĂ©, en regard de l’épĂźtre commentĂ©e, c’est qu’il instaure son discours thĂ©ologique comme un traitĂ© eschatologique sur le dessein de salut subordonnĂ© Ă  l’unique notion de grĂące mais aussi comme un discours permanent, historiquement adaptĂ© Ă  une chrĂ©tientĂ© appelĂ©e Ă  durer dans un temps qui est loin d’ĂȘtre arrivĂ© Ă  son terme. 58Nul ne contestera que la notion d’alliance soit centrale dans l’Ancien Testament et mĂȘme d’une façon plus large dans la Bible chrĂ©tienne tout entiĂšre, ainsi que dans la rĂ©flexion thĂ©ologique postĂ©rieure. Cependant cette notion d’alliance n’est pas monolithique ; elle a Ă©tĂ© l’objet constant de relectures. Le prĂ©sent article a voulu le montrer en suivant, Ă  partir des versions septuagintale et massorĂ©tique du livre de JĂ©rĂ©mie, le parcours de la figure de l’ alliance nouvelle » dans l’épĂźtre aux HĂ©breux, puis dans le commentaire de l’épĂźtre aux HĂ©breux dĂ» Ă  Thomas d’Aquin. 59Dans la version grecque du livre de JĂ©rĂ©mie, les IsraĂ©lites ne sont pas demeurĂ©s dans l’Alliance. Mais si Dieu montre du dĂ©sintĂ©rĂȘt pour eux, il ne rejette pas IsraĂ«l. Il veut Ă  nouveau conclure une alliance, inscrite cette fois dans le cƓur de chacun. 60Le texte massorĂ©tique de JĂ©rĂ©mie souligne plus nettement le contraste entre le caractĂšre Ă©ternel de la fidĂ©litĂ© du Seigneur envers IsraĂ«l et la responsabilitĂ© exclusive du peuple dans la rupture. Mais, Ă  cette propension congĂ©nitale du peuple Ă  la faute, il y a un antidote l’institution sacerdotale et son systĂšme trĂšs Ă©laborĂ© d’expiation. 61L’épĂźtre aux HĂ©breux, quant Ă  elle, articule les deux aspects, septuagintal et massorĂ©tique, de la figure de la nouvelle alliance » d’une façon des plus originales. Au plan matĂ©riel, le texte de rĂ©fĂ©rence est le texte septuagintal, quelque peu retouchĂ© ; mais, au plan rĂ©flexif, l’auteur nous situe dans un contexte nettement cultuel et sacerdotal. Il Ă©tablit d’abord le sacerdoce Ă©ternel du Christ puis passe Ă  la nouveautĂ© de l’Alliance scellĂ©e dans le sang de celui-ci, avant de terminer en soulignant son caractĂšre non rĂ©itĂ©rable Et comme le sort des hommes est de mourir qu’une seule fois 9,27, [...] il ne nous reste plus pour les pĂ©chĂ©s aucun sacrifice, mais seulement une attente terrible du jugement 10,27 ». Cette recontextualisation fait subir une mutation complĂšte Ă  l’oracle vĂ©tĂ©ro-testamentaire. Pour l’épĂźtre, le Christ ne reviendra plus pour le pĂ©chĂ© mais pour le jugement. Pour ceux qui ont pĂ©chĂ©, en particulier ceux qui ont dĂ©sertĂ© l’assemblĂ©e, il n’y a plus de rĂ©mission. 47 MĂȘme si C. Spicq estime qu’il n’a manquĂ© que deux choses aux exĂ©gĂštes du Moyen Age une science ... 62Cependant, le temps passe, sans que le Seigneur revienne. On ne peut plus dire que la nouvelle alliance est une alliance jeune He 12,24. Il faut assumer la rĂ©alitĂ© d’un temps qui dure, une perspective que l’auteur de l’épĂźtre n’avait pas envisagĂ©e, du moins explicitement He 10,37. Thomas d’Aquin, dans son commentaire, fait donc subir une mutation Ă  la notion d’alliance nouvelle. Ce qu’HĂ©breux prĂ©sentait comme un discours adaptĂ© Ă  l’urgence et Ă  l’imminence de la fin, il l’approfondit en theologia perennis. Il y a passage, discret et mesurĂ©47, d’une thĂ©ologie s’inscrivant dans le contexte d’une attente eschatologique imminente Ă  une thĂ©ologie de chrĂ©tientĂ© soucieuse d’établir le caractĂšre permanent d’un systĂšme fait pour durer dans le temps. Son commentaire d’He 10,37 est particuliĂšrement rĂ©vĂ©lateur de ce point, avec la distinction des deux jugements, gĂ©nĂ©ral et particulier ; l’exhortation Ă  veiller prend le relais de l’adjuration Ă  ne pas dĂ©serter. 63Reste bien sĂ»r ouverte la question de savoir comment relire aujourd’hui cette figure de l’alliance nouvelle. Prenons-en acte, l’idĂ©al de la chrĂ©tientĂ© mĂ©diĂ©vale est loin. On peut certes essayer de retrouver l’idĂ©e originelle de JĂ©rĂ©mie dans la version septuagintale la vie chrĂ©tienne se vit d’abord dans l’intĂ©rioritĂ©. Mais la foi ne peut pas ĂȘtre une rĂ©alitĂ© exclusivement privĂ©e. Une visibilitĂ© palpable du religieux est nĂ©cessaire dans la sociĂ©tĂ© actuelle. Des structures sont souhaitables qui soient signes en mĂȘme temps que tĂ©moins du caractĂšre unique de la personne du Christ. Il importe Ă©galement que les croyants assument leur finitude et s’impliquent avec persĂ©vĂ©rance dans l’alĂ©atoire du quotidien. Comme le disait dĂ©jĂ  l’épĂźtre aux HĂ©breux, c’est d’endurance dont vous avez besoin pour accomplir la volontĂ© de Dieu et obtenir ainsi la rĂ©alisation de la promesse. » 10,36. Tout cela n’est-il pas d’une brĂ»lante actualitĂ© ? À nous de chercher le visage qui actualise au mieux ces convictions. Top of page Notes 1 P. Buis, La notion d’alliance dans l’Ancien Testament, Paris, Éd. du Cerf, 1976 ; A. Jaubert, La notion d’alliance dans le judaĂŻsme aux abords de l’ùre chrĂ©tienne, Paris, Éd. du Seuil, 1963. 2 B. Renaud, Nouvelle ou Ă©ternelle alliance ? Le message des prophĂštes, Paris, Éd. du Cerf, 2002, p. 11. 3 Voir LĂ©vitique et Ps 106,30. 4 En Jr 33,18 TM, nous lisons Il ne manquera jamais aux prĂȘtres lĂ©vitiques des hommes qui se tiendront en ma prĂ©sence, faisant monter les holocaustes, brĂ»lant des offrandes et cĂ©lĂ©brant des sacrifices tous les jours. » 5 Jr 31, 35 TM se rĂ©fĂšre aux lois cosmiques d’organisation immuable du cosmos et Jr 38, 35 LXX aux lois rĂ©gissant IsraĂ«l et auxquelles ce peuple n’a pas Ă©tĂ© fidĂšle Bogaert, Lois et alliance nouvelle dans les deux formes conservĂ©es du livre de JĂ©rĂ©mie Jr 31,31-37 TM ; 38, 31-37 LXX », dans C. Focant Ă©d., La Loi dans l’un et l’autre Testament, Paris, Ed. du Cerf, 1997, p. 89 s. 6 Bogaert, Le livre de JĂ©rĂ©mie en perspective les deux rĂ©dactions antiques selon les travaux en cours », Revue Biblique, 101 1994, p. 383. 7 Voir Sonnet, Inscrire le nouveau dans l’ancien. ExĂ©gĂšse intra-biblique et hermĂ©neutique de l’innovation », Nouvelle Revue ThĂ©ologique, 128 2006, p. 3-17 ; Levtnson, L’hermĂ©neutique de l’innovation. Canon et exĂ©gĂšse dans l’IsraĂ«l biblique, Bruxelles, Éd. Lessius, 2006. 8 S. Benetreau, L’épĂźtre aux HĂ©breux, Vaux-sur-Seine,Édifac, t. 2,1990, p. 85. 9 L’auteur se sert de la polysĂ©mie de diathĂȘkĂ« pour rĂ©aliser un glissement sĂ©mantique, temporaire, Ă  partir du sens d’ alliance », sens qu’il a eu prĂ©cĂ©demment dans l’épĂźtre, jusqu’à celui de testament » He 9,15. Ce procĂ©dĂ© lui permet d’introduire le thĂšme de la mort du Christ, dont nous sommes appelĂ©s Ă  recevoir l’hĂ©ritage Ă©ternel dĂ©jĂ  promis » He 9,15-18. 10 Le grec dispose de deux adjectifs pour exprimer la nouveautĂ©. Bien que C. Spicq estime qu’ ils sont synonymes dans la langue de notre auteur » L’ÉpĂźtre aux HĂ©breux, Paris, Gabalda, Études Bibliques », vol. I, 1952, p. 15, il y a une nuance entre les deux termes neos, nouveau dans le temps, neuf, jeune d’oĂč aussi, sans maturitĂ© ; kainos, nouveau dans sa nature, donc qualitativement meilleur. Les deux mots sont appliquĂ©s dans la Bible aux rĂ©alitĂ©s du salut le premier souligne leur caractĂšre de prĂ©sence rĂ©cente par rapport au passĂ© » art. Nouveau », dans Vocabulaire de thĂ©ologie biblique, X. LÉon-Dufour dir., Paris, Éd. du Cerf, 19774, col. 840. Voir aussi TOB, p. 2947, note w., Ă  cette nuance prĂšs que neos ne signifie pas seulement rayonnante de jeunesse », mais aussi un peu verte », qui a besoin de vieillir » voir le rĂŽle de la paideia dĂ©veloppĂ© en He 12. 11 S’ajoute un Ă©pilogue He 13, 20-25 qui ne fait pas partie de l’homĂ©lie proprement dite. 12 Nous suivons, pour l’essentiel, A. Vanhoye, La structure littĂ©raire de l’épĂźtre aux HĂ©breux, Paris, DesclĂ©e de Brouwer, 19762, p. 59 et Lane, Hebrews, Dallas, Word Books Publisher, t. 1, 1991, p. CII s. Cependant, nous adoptons la variante avancĂ©e par plusieurs exĂ©gĂštes qui rattachent la parĂ©nĂšse 10, 19-39 Ă  la quatriĂšme partie de l’épĂźtre P. Grelot, Une lecture de l’épĂźtre aux HĂ©breux, Paris, Éd. du Cerf, 2003, p. 10 s. et Brown, Que sait-on du Nouveau Testament ?, Paris, Bayard, 2000, p. 736. L’exhortation Ă  la vie croyante introduit en effet le chapitre 11 consacrĂ© Ă  l’exemple des hommes de foi. 13 S. Kistmaker, The Psalm Citations in the Epistle to the Hebrews, Amsterdam, Van Soest, 1961, p. 40-42 et P. Ellingworth, The Epistle to the Hebrews. A Commentary on the Greek Text, Grand Rapids, Vm. B. Eerdmans Publishing Co., 1993, p. 412-417. 14 La teleiĂŽsis vise en fait la qualitĂ© de prĂȘtre sauveur acquise par le Christ du fait de sa Passion » Beaude, Sacerdoce. IV. Le Nouveau Testament. B. Le sacerdoce du Christ dans l’épĂźtre aux HĂ©breux », dans SupplĂ©ment au Dictionnaire de la Bible, X, Paris, Letouzey, 1985, col. 1326. 15 Spicq, L’épĂźtre aux HĂ©breux, vol. 11, 1953, p. 243. 16 La loi dans l’épĂźtre aux HĂ©breux », dans Focant Ă©d., La Loi dans l’un etl’autre Testament, p. 288, n. 1. 17 Tout en restant globalement trĂšs fidĂšles Ă  la LXX, les manuscrits d’HĂ©breux prĂ©sentent entre eux quelques variantes que relĂšve la critique textuelle voir A Textual Commentary on the Greek New Testament A Compagnon Volume to the United Bible Societies’ Greek New Testament fourth revised Ă©dition, Stuttgart, Deutsche Bibelgesellschaft, 1994\ p. 597 ; Attridge, The Epistle to the Hebrews, p. 225 s. 18 Le Dieu de la nouvelle alliance dans l’épĂźtre aux HĂ©breux », dans J. Coppens Ă©d., La Notion Biblique de Dieu. Le Dieu de la Bible et le Dieu des philosophes, Leuven, 1976, p. 325. 19 C. Spicq, La thĂ©ologie des deux alliances dans l’épĂźtre aux HĂ©breux », Revue des Sciences Philosophiques et ThĂ©ologiques, 33 1949, p. 24-29. 20 Ibid., p. 26. 21 Michaud, L’épĂźtre aux HĂ©breux aujourd’hui », dans M. Gourgues et L. Laberge Ă©d., De bien des maniĂšres ». La recherche biblique aux abords du XXIe siĂšcle [Actes du Cinquantenaire de l’ACEBAC - 1943-1993], Paris et MontrĂ©al, Éd. du Cerf et Fides, 1995, p. 401. 22 É. Cothenet, L’Ɠuvre exĂ©gĂ©tique de saint Thomas d’Aquin », Esprit et Vie, 80 avril 2003, 2e quinzaine, p. 8. 23 G. Berceville, Le sacerdoce du Christ dans le Commentaire de l’épĂźtre aux HĂ©breux de saintThomas d’Aquin »,Revue Thomiste [ =RThom],99 1999, p. 144. 24 Les rĂ©fĂ©rences au Commentaire de S. Thomas d’Aquin sont donnĂ©es Ă  deux Ă©ditions OpĂ©ra omnia, Ă©d. VivĂšs, tome 21, Paris, 1876, p. 562 p. 561-734 ; Super epistolas S. Pauli lectura, Éd. Marietti, vol. 11, Turin, 19538, p. 336 p. 335-506, n° 4. 25 C. Spicq, Thomas d’Aquin saint. VI. Saint Thomas d’Aquin exĂ©gĂšte », Dictionnaire de ThĂ©ologie catholique, XV, Paris, Letouzey et AnĂ©, 1946, col. 719 s. 26 Avant son dĂ©part pour Paris en 1252, Thomas d’Aquin avait, dans son commentaire du livre de JĂ©rĂ©mie, consacrĂ© quelques lignes Ă  Jr 31, 31-34 In Jeremiam prophetam expositio, dans OpĂ©ra omnia, Ă©d. VivĂšs, tome 19, Paris, 1876, p. 174. 27 C. Spicq, Esquisse d’une histoire de l’exĂ©gĂšse latine au Moyen Age, Paris, J. Vrin, 1944, p. 198. 28 Éd. VivĂšs, p. 653 ; Éd. Marietti, p. 422, n° 395 s. 29 Torrell, Saint Thomasd’Aquin, maĂźtre spirituel. Initiation 2, Fribourg, Éd. Universitaires, Paris, Éd. du Cerf, 20022, p. 3. 30 JĂ©sus-Christ, grand prĂȘtre de l’ancienne et de la nouvelle alliance. Étude thĂ©ologique et hermĂ©neutique du commentaire de saint Thomas d’Aquin sur l’ÉpĂźtre aux HĂ©breux, Paris, Parole et Silence, 2004, p. 639. 31 Ibid., p. 673, n. 46. 32 Éd. VivĂšs, p. 563 ; Éd. Marietti, p. 337, n° 6. 33 A. Vanhoye, Le message de l’épĂźtre aux HĂ©breux », Cahiers Évangile 19, Paris, 1977, p. 34. 34 Pour lui, Ă©crit Vanhoye, la dĂ©couverte de la structure littĂ©raire d’une Ɠuvre doit normalement permettre une Ă©tude plus objective de son contenu de pensĂ©e » La structure littĂ©raire..., p. 237. 35 Guggenheim, JĂ©sus-Christ, grand prĂȘtre..., p. 564, n. 59. 36 G. Dahan, Introduction Ă  Thomas d’Aquin, Commentaire de la premiĂšre Ă©pĂźtre aux Corinthiens, trad. Stroobant de Saint-Éloy, Paris, Éd. du Cerf, 2002, p. xxx. 37 Éd. VivĂšs, p. 655 ; Éd. Marietti, p. 424, n° 407 s. 38 Le chemin de la thĂ©ologie chez Thomas d’Aquin, Paris, Beauchesne, 1974, p. 871. 39 Éd. VivĂšs, p. 654 s. ; Éd. Marietti, p. 424 s., n° 404 s. 40 Éd. VivĂšs, p. 679 ; Éd. Marietti, p. 449, n° 516. 41 Éd. VivĂšs, p. 680 s. ; Éd. Marietti, p. 450 s., n° 524 s. 42 L’intervention divine est Ă©galement donnĂ©e comme imminente en He 10,25 Ne dĂ©sertons pas nos assemblĂ©es, [...] mais encourageons-nous et cela d’autant plus que vous voyez s’approcher le Jour. » 43 Éd. VivĂšs, p. 684 s. ; Éd. Marietti, p. 454, n° 545 et 547. 44 Les thĂ©ologiens, Thomas en tĂȘte, ne forcent pas la distinction entre les deux jugements Tout en maintenant une certaine distinction conceptuelle entre jugement particulier et jugement gĂ©nĂ©ral, ne pourrait-on pas toutefois se demander si en rĂ©alitĂ© ils ne coĂŻncideraient pas au point de s’identifier ? En effet, au-delĂ  de la mort, on ne se trouve plus soumis aux catĂ©gories spatio-temporelles de notre monde. 11 n’y a plus de temps. » P. AdnĂšs, Jugement », Dictionnaire de SpiritualitĂ©, Paris, Beauchesne, VIII, 2,1974, col. 1588. De mĂȘme, toute thĂ©ologie qui se veut proche de la rĂ©vĂ©lation biblique refusera de parler de deux jugements diffĂ©rents. En fin de compte, tout l’accent est placĂ© sur le jugement particulier de chaque homme aprĂšs sa mort, et le jugement gĂ©nĂ©ral n’en est, Ă  proprement parler, que la confirmation publique devant le monde entier » H. Urs von Balthasar, La dramatique divine. 4. Le dĂ©nouement, Namur, Culture et VĂ©ritĂ©, 1993, p. 318. 45 L. J. Elders, La relation entre l’ancienne et la nouvelle Alliance selon saint Thomas d’Aquin », RThom, 100 2000, p. 582. 46 A. Guggenheim, VĂ©ritĂ© et figure », RThom, 104 2004, p. 234. 47 MĂȘme si C. Spicq estime qu’il n’a manquĂ© que deux choses aux exĂ©gĂštes du Moyen Age une science philologique exacte et surtout le sens historique » Esquisse d’une histoire..., p. 374, Thomas d’Aquin atteint un sommet de synthĂšse entre exĂ©gĂšse et thĂ©ologie, une Ă©bauche de thĂ©ologie biblique, intermĂ©diaire entre l’empirisme des constatations de l’histoire et la construction systĂ©matique » H. de Lubac, ExĂ©gĂšse mĂ©diĂ©vale. Les quatre sens de l’Écriture, t. 4, Paris, Aubier, 1964, p. 295. Par la suite, mĂȘme si elle est souvent distinguĂ©e de l’exĂ©gĂšse, la thĂ©ologie sera solidaire des voies et moyens des pĂ©dagogies textuelles de la culture contemporaine » Chenu, La thĂ©ologie comme science au XIIIe siĂšcle, Paris, J. Vrin, 19573, p. 16.Top of page References Bibliographical reference François Tonon, “L’ Alliance nouvelle » dans l’épĂźtre aux HĂ©breux et son commentaire par Thomas d’Aquin”, Revue des sciences religieuses, 82/2 2008, 179-197. Electronic reference François Tonon, “L’ Alliance nouvelle » dans l’épĂźtre aux HĂ©breux et son commentaire par Thomas d’Aquin”, Revue des sciences religieuses [Online], 82/2 2008, document Online since 05 May 2013, connection on 27 August 2022. URL DOI of page Copyright All rights reservedTop of page

Sensstrict, littĂ©ral. La lettre d’un texte. S’en tenir Ă  la lettre. Il s’arrĂȘte trop Ă  la lettre. Juger suivant la lettre de la loi sans en considĂ©rer l’esprit. La lettre tue, mais l’esprit vivifie, expression empruntĂ©e Ă  saint Paul. Loc. À la lettre, au pied de la lettre, au sens strict.

ppgUON.
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